La revue du projet

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20131226-LeP-Beauvais-Permis de conduire : le défi des mamans de Saint-Jean

le 26 December 2013

20131226-LeP-Beauvais-Permis de conduire : le défi des mamans de Saint-Jean

20131224-CP-Espagne-Retour en arrière [PCF, droit à l'avortement]

le 24 December 2013

20131224-CP-Espagne-Retour en arrière [PCF, droit à l'avortement]

Asie / Pacifique : Toujours plus de libéralisation avec l'APEC (PCF)

le 22 December 2013

Asie / Pacifique : Toujours plus de libéralisation avec l'APEC (PCF)

L'APEC, sigle anglophone, qui signifie en français : Coopération économique pour l'Asie-Pacifique, constitue un forum économique intergouvernemental visant à faciliter la croissance économique, la coopération, les échanges et l'investissement de la région Asie Pacifique. Créé en 1989, l'APEC compte 21 membres (Australie, Brunei, Canada, Corée du Sud, États-Unis, Indonésie, Japon, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Singapour, Thaïlande, Chine, Hong-Kong, Taipei chinois, Mexique, Papouasie-Nouvelle Guinée, Chili, Pérou, Russie, Viêt Nam), qui représentent plus du tiers de la population du monde (2,6 milliards de personnes), approximativement 60 % du PIB du monde et environ 47 % du commerce mondial. Il représente également la zone économique la plus dynamique dans le monde, ayant participé à presque 70 % de la croissance économique globale entre 1994 et 2004.

Son dernier sommet s'est déroulé du 5 au 8 octobre 2013 à Bali (Indonésie).

Les discussions menées lors de ce sommet

Lors de ce sommet ont été évoqués de nombreux sujets dont le développement durable, l'écologie, et le développement social. Toutefois, le thème qui a particulièrement été évoqué demeure celui de la crise économique et financière internationale qui fait rage depuis 2008.

En effet, comme l'indique le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono lors de son intervention devant les représentants de l'économie des pays membres, cette crise affecte toujours le monde et ce, dans tous les pays, développés ou émergents. Il précise cependant que, malgré l'impact de la crise, la zone Asie-Pacifique conserve une croissance d'environ 6,5 % pour l'année 2013, selon les dernières prévisions du FMI.

Le président Susilo Bambang Yudhoyono indique alors qu'il est d'autant plus nécessaire de se regrouper au sein de cette association, de promouvoir le commerce à l'intérieur de cette zone et d'améliorer la connectivité entre les peuples pour aller plus loin dans l'intégration.

La crainte de presque tous les participants d’un possible défaut de paiement sur la dette américaine s’est clairement exprimée.  Zhu Guangyao, ministre adjoint chinois aux Finances, a soutenu que «le temps est compté» quant à l'échéance du relèvement du plafond de la dette des États-Unis. Il a directement demandé à Washington de « s'assurer de la sécurité des investissements chinois »...

L'absence remarquée de Barack Obama

Toutefois, le sommet a été marqué par l'absence du Président Obama, qui a dû annuler son voyage en Asie, prévu de longue date, en raison de la fermeture des services publics : « le shutdown » causé par l'absence d'accord sur le budget. Le secrétaire d’État John Kerry a assuré la représentation des États-Unis lors de ce sommet, mais de nombreuses discussions que voulaient mener le président Barack Obama n'ont pas pu se tenir.

Depuis son premier mandat, Barack Obama, montre sa volonté de mettre en place une stratégie diplomatique connue sous le nom de « Pivot » qui lui permettrait de rééquilibrer ses relations dans la zone Asie Pacifique et d'amoindrir les velléités expansionnistes de la Chine dans cette zone. Ce sommet représentait donc pour le président des États-Unis une grande opportunité de mener des discussions diplomatiques avec certains pays partenaires.

En outre, il aurait pu évoquer à nouveau, à cette occasion, l'intérêt du Partenariat transpacifique (TPP pour Trans-Pacific Partnership) qu'il souhaite voir aboutir avant la fin de l'année 2013. Le Partenariat transpacifique, à l'initiative des États-Unis, est un partenariat basé sur un traité, comprenant 39 chapitres, visant à instaurer le libre-échange entre les pays d'Amérique et les pays de l'Asie.

Actuellement, le partenariat regroupe 12 pays : le Japon, l'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les États-Unis, et le Vietnam.

La Chine, grande absente du partenariat n'est actuellement pas en mesure de répondre aux critères inscrits dans les 39 chapitres pour des raisons de législation et de préservation de son économie d’État. Pour sa part, la Chine avance un projet concurrent un projet concurrent exclusivement asiatique, réunissant 16 pays.

Dans les coulisses du sommet, John Kerry a tenu une « réunion trilatérale » avec ses homologues australiens et japonais et fait adopter une déclaration qui a suscité cette réaction de Pékin : « L'alliance entre les États-Unis, le Japon et l'Australie ne doit pas être utilisée comme une excuse pour s'ingérer dans les disputes sur la souveraineté territoriale... »

 

La présence de la Chine

La Chine, elle, était bien présente, et a profité de ce sommet pour organiser des réunions bi-, voire trilatérales, avec certains pays voisins afin d'entamer des discussions et négociations commerciales, que ce soit dans le cadre de l'ASEAN1 ou de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS)2. Ces deux organisations intergouvernementales ont toutes deux pour but de favoriser les relations économiques entre les différents États membres, et d'assurer la croissance et la stabilité dans leurs zones de compétences respectives.

La Chine, grande puissance économique de la zone Asie-Pacifique, demeure incontournable dans la zone pour les États voisins désireux de conserver un niveau de croissance économique important pour soutenir leur économie et se développer. Par conséquent, ce sommet, et l'absence du président Obama, auront permis à la Chine de faire une nouvelle démonstration de force, et de marquer ainsi son territoire qu'elle n'entend pas laisser sous la domination des États-Unis comme l'indiquait le président Xi Jinping dans le People Daily.  Dans le même temps, on peut noter la tentative de la Russie de réapparaitre également comme une puissance régionale qui compte. Moscou accentue un cap clairement énoncé, il y a un an, lors du précédent sommet de l’APEC à Vladivostok d’ ouvrir une fenêtre sur l’Asie.

 

Les perspectives suites au sommet

En attendant l'année prochaine, sept objectifs principaux ont été retenus lors de cette édition. Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono les a résumé dans son discours de clôture.

Ces sept objectifs sont :

1/ redoubler d'efforts pour atteindre les objectifs de Bogor en 2020

2/ accroître le commerce à l'intérieur de la zone APEC et simplifier les formalités

3/ accroître la connectivité entre les peuples

4/ atteindre une croissance forte, durable, équitable et global

5/ établir une coopération afin d'améliorer la sécurité alimentaire, énergétique et de ressources d'eau

6/ assurer la création de synergies dans la zone et

7/ coopérer avec le secteur commercial de l'APEC (ABAC) afin d'accomplir la libéralisation des échanges et des investissements.

Ces objectifs sont ainsi tous liés à des impératifs économiques des pays de la zone et visent principalement à atteindre les objectifs de Bogor en 2020, obtenir une croissance durable et équitable et favoriser la connectivité inter-étatique. Les objectifs en matière sociale et environnementale annoncés en début de sommet n'ont donc pas été considérés comme prioritaires.

Le prochain sommet se tiendra à Pékin, en Chine. Il sera alors possible d'évaluer les avancées sur ces objectifs mais aussi d'évaluer la mise en œuvre de la « stratégie Pivot » des États-Unis dans le cadre du TPP et d'analyser les actions de la Chine à cet égard.

 

1ASEAN : l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est. L'association a pour but de renforcer la coopération et l'assistance mutuelle entre ses membres, d'offrir un espace pour régler les problèmes régionaux et peser en commun dans les négociations internationales. Les dix pays membres sont : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Viêt Nam, Laos, Birmanie et Cambodge. A ceux-ci sont souvent associés : la Chine, le Japon et la Corée du Sud.

2L'OCS est une organisation intergouvernementale régionale asiatique qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays.

 

 

Géraldine Garcia

avec Christiane Marcie et Dominique Bari

20131220-CP-Beauvais-Le contesté centre éducatif fermé a dix ans

le 20 December 2013

20131220-CP-Beauvais-Le contesté centre éducatif fermé a dix ans

Un débat sur la politique sociale

le 19 December 2013

Un débat sur la politique sociale

Le 10 décembre à Naintré, une cinquantaine de personnes a participé à un débat avec la sénatrice communiste Isabelle Pasquet, membre de la commission des affaires sociales au Sénat

Il fut animé le débat qui a suivi l’intervention de la sénatrice s’appuyant sur son expérience de commission et en particulier de rapporteuse de la branche famille, « pompée » par l’Etat. Sommes –nous pour une différentiation des prestations familiales fondée sur le revenu ?

Non, les inégalités doivent être corrigées par l’impôt ce qui implique la nécessité absolue d’une réforme fiscale fondée enfin sur la justice.

La sénatrice a aussi souligné que les représentants des assurés sont de plus en plus dessaisis de pouvoirs et même d’informations, par exemple sur les choix faits sur les affectations de l’impôt.

Lors du débat de nombreuses interventions inspirées par le vécu des participants ont pointé les dérives comme la tarification à l’acte et la catastrophique loi dite «  loi Bachelot » à l’hôpital et que la gauche aurait dû casser dès son arrivée au pouvoir, ce qu’elle n’a pas fait. De nombreuses autres questions ont été soulevées dans le débat. Par exemple des travailleurs sociaux ont pointé la méconnaissance de leurs droits par les citoyens ( de nombreuses personnes qui pourraient bénéficier du RSA n’y accèdent pas par exemple) et leur difficulté à y avoir accès par manque de personnel à la Sécurité sociale, à Pôle emploi, à la Mission locale pour l’emploi, etc ….. Les dégâts faits dans la fonction publique par les suppressions de postes sous l’ère Sarkozy doivent être réparés !

La nécessité d’une révolution fiscale est apparue en conclusion et nous y oeuvrons …

Françoise Poteau

20131219-CP-Picardie-Dormiront-ils dehors cet hiver ? [demandeurs d'asile]

le 19 December 2013

20131219-CP-Picardie-Dormiront-ils dehors cet hiver ? [demandeurs d'asile]

20131219-CP-Liancourtois-L'aire d'accueil se précise

le 19 December 2013

20131219-CP-Liancourtois-L'aire d'accueil se précise

La science est-elle à l’origine de tous les maux ?, Olivier Gebuhrer

le 18 December 2013

La Présentation poursuit deux objectifs connexes. La Science comme telle est aujourd’hui sur la sellette ; elle fait figure d’accusée en dépit d’un résidu de fascination. Le premier objectif consiste à éclaircir les termes du débat. Ceci fait l’objet d’un parcours de trois exemples emblématiques, La Bombe, les OGM, les « Mathématiques financières ». On essaie de situer ces exemples dans une perspective historique. Le premier exemple, s’il ne tente pas le vain exercice de laisser à l’écart des responsabilités la communauté scientifique, montre la flèche de responsabilité qui est avant tout celle du pouvoir de décision politique. Le second exemple tente de répondre à l’idée répandue selon laquelle « les scientifiques jouent aux apprentis sorciers ». Il montre comment on passe sans transition de la mise en cause des activités prédatrices des multinationales de l’Agroalimentaire à celle des scientifiques et de leur supposée « inconscience des risques ». Le troisième exemple vise à tracer à grands traits les avatars d’une dégénérescence systémique du capitalisme. Il est devenu impossible de traiter de « la science en soi » et ces exemples appellent des études approfondies sur les liens entre le développement scientifique, rapports sociaux, forces productives. (voir à ce sujet le livre majeur « La révolution oubliée » de Lucio Russo – Springer) Le second objectif vise à indiquer d’une part des aspects – non exhaustifs mais fondamentaux – de la démarche scientifique. Sont ici convoqués notamment les deux physiciens Richard Feynmann pour qui « l’expérimentation est le seul juge de la vérité scientifique », et Jacques Solomon (communiste, fusillé par les nazis), lequel écrit « L’usage des instruments de mesure, nécessite l’élaboration de toute une théorie de sorte qu’entre la sensation qualitative que nous éprouvons... Et le résultat de l’expérience tel que le physicien le formule, il y a un pas immense que la théorie, et seule la théorie, permet de franchir » dans un remarquable article publié dans le N° 374 de « La Pensée ». L’auteur, sous réserve de frais intellectuels nouveaux et d’une démarche exigeante conclut en parcourant deux exemples significatifs de la physique contemporaine (la Mécanique quantique et la Théorie de la Relativité Générale) « Seule une conception matérialiste dialectique est en mesure de percer le mystère du progrès scientifique ».

Olivier Gebuhrer est mathématicien

Quelle solution pour les déchets nucléaires ?, Jean-Noël Dumont et Bernard Felix

le 18 December 2013

Quelle solution pour les déchets nucléaires ?, Jean-Noël Dumont et Bernard Felix

UN PROCESSUS DE LONGUE HALEINE

Les premiers travaux sur la gestion à très long terme des déchets radioactifs remontent aux années soixante, avec notamment le développement du procédé de vitrification. Dans la décennie 70, l'engagement du gouvernement dans la réalisation d'un parc électronucléaire s'est accompagné du développement du retraitement à usage civil. Celui-ci permet d’extraire la majeure partie de la matière fissile présente dans le combustible en sortie de réacteur, donc de réduire la toxicité des déchets, sinon leur volume. Le plutonium récupéré est utilisé pour fabriquer le combustible MOX. Les résidus du retraitement sont calcinés et intégrés dans les blocs de verre. La très grande majorité des déchets produits par les activités nucléaires est solidifiée et conditionnée en ligne dans des colis à conteneurs en acier ou en béton. À plus de 96 % ils sont de très faible, de faible ou de moyenne activité à vie courte, c’est-à-dire que leur période de demi-vie, au terme de laquelle la radioactivité est divisée par deux, est inférieure à 31 ans. Ces déchets sont expédiés vers les stockages en surface de l’Andra [1], dont les ouvrages après fer- meture seront surveillés pendant au moins 300 ans, le temps d’une décroissance vers la radioactivité du milieu naturel. Pour les déchets de moyenne activité à vie longue (MAVL) et ceux de haute activité (HA) [2] une telle solution ne peut être envisagée. Dès les années 70, le stockage profond (au moins 200 mètres) en formation géologique continentale a fait l’objet d’un consensus international qui a été promu par l’agence internationale de l’énergie atomique, l’AIEA, organisme spécialisé des Nations Unies. Jusqu’en 1990, la recherche de sites potentiels d’implantation, selon les seuls critères géologiques, s’est appuyée sur le pouvoir exécutif, ce qui a été vécu localement comme une agression et a mené à un blocage. Le besoin de légiférer s’est imposé et le parlement adoptait en 1991 à l'unanimité la « loi Bataille », qui définit trois axes de recherche pour la gestion des déchets HA–MAVL :

• La transmutation qui consiste à transformer les noyaux à vie longue en noyaux à période plus courte par réactions nucléaires. Séduisante sur le papier, cette solution passe par une séparation des différents radioéléments dans le processus de retraitement, par leur incorporation dans des combustibles et leur irradiation dans des réacteurs à neutrons rapides. Si elle permet de réduire la radio toxicité des déchets, elle implique un essor de l’industrie nucléaire et ne supprime pas la nécessité d'un stockage profond.

• Le conditionnement et l’entreposage en surface ou à faible profondeur. Ces ouvrages permettent une mise en attente des déchets et donc de reporter la décision sur leur gestion finale. Cependant dès que leur maintenance cesse, le confinement des déchets et la sûreté se dégradent.

• Le stockage, réversible ou irréversible, dans des formations géologiques profondes. Confiée à l'Andra, cette recherche nécessite des études en laboratoires souterrains. En 2005, échéance fixée par la loi de 1991, trois formations géologiques avaient été explorées dans des départements qui s'étaient portés candidats : la Vienne, le Gard et à la charnière de la Meuse et de la Haute-Marne où un laboratoire souterrain (laboratoire de Bure) a été mis en service en 99 pour étudier in situ le comportement des roches argileuses. Sur la base du dossier présenté par l’Andra, la Commission Nationale d’Évaluation (CNE), composée d’ex- perts, et l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ont conclu à la faisabilité d’un stockage géologique réversible en Meuse/Haute- Marne. La loi de programme du 28 juin 2006 a confirmé ces choix: Le stockage est la solution de référence et sa démonstration de sûreté doit s'appuyer sur des expérimentations en laboratoire souterrain. Il est donc de fait localisé en Meuse/Haute–Marne. Une gestion réversible devra être possible pendant au moins 100 ans. Le stockage ne peut s’appliquer qu’aux déchets radioactifs ultimes: le stockage des combustibles usés est seulement une option, car leur valorisation complète est envisagée dans les réacteurs de la génération IV. La transmutation est désormais associée aux recherches sur cette nouvelle filière de réacteurs. L’entreposage doit répondre aux besoins de la gestion des colis avant le stockage, sans s’y substituer. Aujourd’hui, l’étude du site, des colis et du concept de stockage est suffisamment avancée pour que, après intégration des données du débat public en cours, une demande d’autorisation de création d'un centre industriel de stockage géologique (Cigéo) soit déposée en 2015 avec un avant-projet d'une première tranche. Après instruction du dossier, une nouvelle loi définira, entre autres, les conditions de la réversibilité.

CIGÉO : UN PROJET HORS NORMES

L’objectif est de confiner la radioactivité un temps suffisant pour que sa décroissance limite l’impact des transferts résiduels sur l’environnement à un niveau très inférieur à celui de la radioactivité naturelle. On utilise pour cela les propriétés d’imperméa- bilité et de rétention d’une couche argileuse de 130 m d’épaisseur, travers la barrière géologique s’appuie sur les données expérimentales acquises notamment au laboratoire souterrain de Bure, ainsi que sur l’observation d’analogues naturels dont certains remontent à plusieurs millions d’années. Cigéo accueillera des déchets MAVL-HA issus d’installations industrielles, militaires et de recherche existantes et en construction pendant toute leur durée d’exploitation. Il se déploiera sur une centaine d’années, avec la construction de tranches successives et simultanément, l’exploitation des premières d’entre elles et la fermeture éventuelle des plus anciennes. À 500 mètres de profondeur, dans une couche argileuse du bassin parisien située à 230 km à l’est de Paris, des alvéoles horizontaux seront creusés pour y placer des colis de déchets radioactifs. Après une exploitation de plus d’un siècle, le stockage occupera en profondeur une emprise de l’ordre de 15 km². Pour répondre à la demande de réversibilité, il est conçu de telle sorte que, pendant la durée d’exploitation, les colis puissent, si nécessaire, être récupérés. À terme, il doit pouvoir être fermé, en commençant par les alvéoles, puis les galeries et enfin les puits et descenderies. Ceci pourra se faire suivant un rythme qui sera révisé tous les dix ans, après consultation des parties prenantes. Après fermeture, la mémoire du site devra être conservée au moins 500 ans. Des enjeux industriels, sociétaux, et financiers immédiats Le projet Cigéo doit s’insérer dans un territoire. Les préoccupations de la population locale sont compréhensibles : qui accepterait, sans se poser de questions, d’accueillir dans son sous-sol des déchets radioactifs? Mais il répond aussi à un enjeu national: la gestion à long terme des déchets radioactifs HA-MAVL est incontournable quelle que soit la place réservée au nucléaire dans la production d'électricité et ce d’autant qu’une part significative est déjà produite. Si la décision finale reviendra au gouvernement, dans un cadre défini par le Parlement, elle implique toute la société. La démocratie devra accompagner le processus de décision puis de gestion réversible de Cigéo et les rendre transparents. D'où l’importance du débat public actuel, et de sa poursuite dans un climat serein. Malheureusement, les premières réunions ont été sabotées par des opposants anti-nucléaires qui font monter les inquiétudes avec l'objectif de faire rejeter le projet et ainsi préserver l’argument de l’absence de solution à long terme pour les déchets. Ce projet représente aussi un enjeu financier important. Depuis la transformation d’EDF en société anonyme cotée en bourse, dans le contexte européen de libéralisation du marché de l’électricité, le montant des provisions pour le stockage influe directement sur le cours de l’action. La pression est forte pour réduire le coût de Cigéo, même s’il reste modéré au regard du coût de l’électricité [3]. La logique de court terme pousserait à choisir le maintien prolongé en entreposage, une mesure dilatoire qui nécessite un moindre investissement, mais qui laisserait à une autre génération la charge de la gestion finale de déchets issus de la production de notre électricité. C’est ainsi que la capacité de l’Andra, agence publique, à assurer la maîtrise d’ouvrage du projet Cigéo, a été mise en cause. Comme le rapportait le député socialiste Christian Bataille en 2001, nous sommes convaincus que "le stockage des déchets et l’entreposage à long terme des combustibles irradiés doivent impérativement rester entre les mains d’entreprises dépendant étroitement de la puissance publique qui, jusqu’à preuve du contraire, reste la seule capable d’assurer sur de très longues durées le maintien des structures nécessaires au respect absolu des règles de sûreté. Ne laissons pas des spéculateurs pénétrer dans un secteur qu’ils n’auraient ni la volonté ni les capacités de gérer sur le très long terme".

 

BERNARD FELIX est un ancien administrateur salarié CGT de l’Andra JEAN-NOËL DUMONT est administrateur salarié CGT.

L’attitude scientifique, douter ou relativiser ?, Hubert Krivine

le 18 December 2013

L’attitude scientifique, douter ou relativiser ?, Hubert Krivine

Une horloge arrêtée indique certainement l’heure exacte – et même deux fois par jour - mais on ne sait pas quand. De la même façon, le doute systématique permet certes de se prémunir des erreurs ou des escroqueries, mais il ignore également le vrai au passage. Quelles que soient les satisfactions intellectuelles et souvent mondaines qu’il peut procurer, le doute systématique est donc aussi opérant que notre horloge arrêtée. Historiquement pourtant, le doute a fait œuvre salutaire : c’est le « doute scientifique » apparu comme mise en question des vérités révélées. Sous sa forme plus moderne, c’est la notion popularisée par Popper que toute vérité pour être scientifique doit être réfutable. Une vérité scientifique « indiscutable » est donc un oxymore. Croire une affirmation seulement quand on a de bonnes raisons de la croire vraie peut sembler une banalité, un comportement que tout le monde tient. Mais le « seulement » rend ce comportement souvent difficile à maintenir. Les exemples abondent. Croire à un paradis au ciel, comme l’annonce la Bible ou en URSS comme le proclamait la propagande de Staline, sont des croyances fondées sur le bienfait qu’on en espère(1). La religion peut éventuellement calmer la peur de la mort et l’astrologie répondre à des angoisses, ça ne les rend pas vraies pour autant. Les « bonnes raisons » fondées sur l’avantage (ou l’inconvénient) qu’il y aurait à croire (ou à ne pas croire) sont en fait de bien mauvaises raisons. Il en va de même quand on juge une information seulement à l’aune de sa source. Qu’une information vienne de la CIA la rend certes douteuse, mais ne la disqualifie pas à coup sûr : après tout, ces Messieurs, quand ça les arrange, peuvent aussi avoir intérêt à dire des choses qui se trouvent être vraies : hélas, le goulag a bien existé. Lemaitre, prêtre de son état, président de l’Académie pontificale, a élaboré une théorie de « l’œuf primitif » qui fut initialement saluée par le Pape comme prouvant le Fiat Lux de la Bible. Et pourtant, cette théorie actuellement appelée « Big Bang » est universellement reconnue. Mais quid des « bonnes raisons » si on se refuse de les fonder sur leur vertu opératoire de court terme ? La réfutabilité, la reproductibilité, l’universalisme, la parcimo- nie, la capacité à prévoir, la consistance, etc. sont les attributs habituels d’une proposition jugée « scientifique ». Il faut ajouter un autre au moins aussi important et curieusement moins souvent évoqué : son imbrication dans le reste des connaissances. Cette imbrication lui procure en quelque sorte un poids effectif supérieur à la force de ses seuls succès locaux. En d’autres termes, le poids d’une connaissance intégrée s’alourdit du poids de toutes les autres(2). Les journalistes peuvent sans état d’âme titrer sur la mémoire de l’eau ou la vitesse des neutrinos supérieure à celle de la lumière, la communauté scientifique, effrayée par la chaîne des conséquences, est plus réservée. Conservatisme de la science ? Peut-être, mais c’est aussi l’exigence qu’à affirmation exceptionnelle il faut des preuves exceptionnelles. N’oublions pas que cette même communauté aura accepté la mécanique quantique avec son cortège de résultats stupéfiants (chat de Schrödinger mort et vivant à la fois, un électron passant simultanément par deux trous à la fois, etc.). Cette version de la validité des connaissances scientifiques est radicalement mise en question par les tenants (ou les héritiers) du « programme fort »(3), pour qui « le contenu de n’importe quelle science est social de part en part ». À des variantes près, Bruno Latour, dans son livre La Science en action (La Découverte, 2005), s’était fait le chantre de ces conceptions. Nous ne sommes pas certains que Latour continue aujourd’hui encore à flirter avec ce courant relativiste, mais son œuvre a eu un grand écho national et international. Un commentaire de Jacques Bouveresse sur le philosophe allemand Spengler (1880-1936) semble écrit pour lui : « Spengler - dont certains de nos philosophes des sciences « post-modernes », qui connaissent aujourd’hui un succès comparable au sien, ne semblent toujours pas avoir remarqué à quel point il les avait devancés - s’est contenté de sauter immédiatement à la conclusion qu’il n’y avait pas de réalité, que la nature était une simple fonction de la forme culturelle variable dans laquelle elle s’exprime, autrement dit, que c’est la nature qui est une fonction de la représentation que nous en construisons, et non pas, comme on pouvait le croire et l’espérer jusqu’à présent, l’inverse. Et il est parvenu à la conclusion que les questions épistémologiques étaient, en fin de compte, uniquement des questions de style, les systèmes physiques se distinguant les uns des autres et s’opposant les uns aux autres comme les tragédies, les symphonies et les tableaux, en termes d’écoles, de traditions, de manières et de conventions (c’est à peu près textuellement ce qui est affirmé dans Le Déclin de l’Occident). » Synthétiquement, ce courant de pensée considère naïf de faire intervenir la Nature - c’est-à-dire l’expérience - comme arbitre des controverses scientifiques ; ou, plus subtilement, ne la considère que comme un argument rhétorique supplémentaire. La notion de « vérité » scientifique serait une imposture. À la limite, ce sont les scientifiques qui fabriqueraient les objets qu’ils croient « découvrir ». Qu’est-ce qui décide alors de la clôture d’une controverse ? Ce serait le rapport de forces entre les différents réseaux hommes (et machines) protagonistes du débat. Les chercheurs, nous affirme Bruno Latour : « n’utilisent pas la nature comme un juge extérieur et, comme il n’y a aucune raison d’imaginer que nous sommes plus intelligents qu’eux, nous n’avons pas, nous non plus, à l’utiliser. » Typique encore est l’affirmation d’Isabelle Stengers (Les concepts scientifiques, Gallimard, 1991) : « Un concept n’est pas doué de pouvoir en vertu de son caractère rationnel, il est reconnu comme articulant une démarche rationnelle parce que ceux qui le proposaient ont réussi à vaincre le scepticisme d’un nombre suffisant d’autres scientifiques, eux-mêmes reconnus comme « compétents » [...]» Comme souvent, chez ces relativistes on passe d’une trivialité vraie : « si le concept est reconnu », c’est bien qu’il y ait « un nombre suffisant d’autres scientifiques » pour le faire, à une trivialité fausse : cette reconnaissance ne devrait rien à « son caractère rationnel ». Latour, comme Stengers ne prennent aucun risque et couvrent tout le champ du possible en affirmant que c’est le meilleur réseau qui gagne, mais ils n’ont rien dit. En revanche, lorsqu’ils racontent que la nature, c’est-à-dire l’expérience et l’imbrication dont nous avons parlé ne jouent qu’un rôle rhétorique d’appoint, ils disent quelque chose et ce quelque chose est faux. Galilée avait osé affirmer, contre Aristote et le Saint-Siège, que les montagnes de la Lune et les satellites de Jupiter n’étaient pas des artefacts de sa lunette. Il a finalement gagné parce que montagnes et satellites étaient bien là, tout simplement. Tout simplement ? Mais les satellites de Jupiter et les montagnes de la Lune étaient là depuis des milliards d’années et personne ne les avait vus. Pour ce faire, il fallait de l’audace, une certaine curiosité et surtout disposer de la lunette des Hollandais. Audace, curiosité et lunettes ne tombent pas du ciel ; ce sont clairement les productions d’une société à un certain moment. Mais ceci ne fait pas des montagnes de la Lune une construction sociale. Les théories relativistes sont peu connues, et en tout cas sans influence, chez les professionnels de la science, qui de façon générale - et à tort - se désintéressent de la sociologie des sciences(4). Nous leur avons donné de l’importance dans la mesure où elles en ont pour certains journalistes « savants » et décideurs politiques, voire pour certains enseignants. Sciences Po, par exemple, censé former nos futures « élites », avait choisi un sociologue comme directeur scientifique : Bruno Latour. Ces théories ne sont pas directement responsables des politiques scientifiques actuelles mais en constituent d’excellents compagnons de route. En effet, si le succès d’une théorie scientifique sur ses concurrentes est dû à la constitution d’un lobbying assurant la meilleure publicité, voire la meilleure propagande, mieux vaut alors développer dans les universités le budget « com », assurer le meilleur réseau, développer la visibilité, la concurrence et l’ « excellence ». Cette conception cynique d’une recherche mue par le désir de pouvoir se rapprocher du coup d’un désir d’enrichissement personnel, d’où le rôle de la prime au mérite et la tendance à faire du facteur h(5) le critère de la valeur d’un chercheur et du classement de Shanghai, celui d’une université. Dans cette période d’austérité, c’est un choix plus économique que celui d’une formation de masse et d’expériences coûteuses dont les résultats ne sont jamais garantis. Il ne s’agit pas de stopper la recherche, mais de la ramener à ce qu’elle vaut : un argument de plus dans la rhétorique de la compétition. Le malheur voudrait que cette philosophie déviante devienne auto-réalisatrice. Alors, on ne formera plus des chercheurs, mais des gagnants ou des « communicateurs », visant à se faire une place sur un marché des connaissances. Confondre l’intérêt de la science avec son intéressement, c’est à terme la stériliser.

 

HUBERT KRIVINE est physicien. Il a été chercheur au Laboratoire de physique théorique et modèles statistiques de l’Université Paris-Sud (LPTMS).