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Les logements à Mayotte sont loin des standards nationaux français, Fanny Chartier

Force est de constater que les départements et territoires d’outre-mer font trop peu souvent l’objet de l’attention des journalistes, des hommes et des femmes politiques mais aussi des scientifiques. Pourtant, un rapide regard sur la situation économique et sociale de ces territoires devrait nous convaincre que les conditions d’existence de nos concitoyens

d’outre-mer sont pourtant loin d’être satisfaisantes. Pour l’illustrer, nous vous proposons de revenir sur les conditions de logement à Mayotte.

Situé dans l’archipel des Comores, dans l’océan Indien et proche de Madagascar, Mayotte est un ensemble d’îles qui comptait 226 900 habitants au 1er janvier 2015. La majorité des ménages vivant à Mayotte sont dans des conditions de logement difficiles, souvent très éloignées des standards des autres départements français. En effet, plus d’un tiers des 53 200 résidences principales sont des maisons en tôle. Même si les accès à l’eau et à l’électricité se sont améliorés, près de 30 % des ménages n’ont pas encore accès à l’eau courante dans leur logement et 57 % vivent sans électricité ou avec une installation électrique dégradée. Les deux tiers des logements de Mayotte sont dépourvus d’un des trois éléments de confort sanitaire de base : l’eau courante, une baignoire ou une douche, et des toilettes à l’intérieur du logement. Si l’on intègre l’absence de cuisine, l’absence d’électricité ou une installation électrique dégradée, ce sont près de 75 % des logements de Mayotte dans lesquels il manque au moins l’un de ces éléments de confort. Seulement 12 % des logements à La Réunion et 5 % en métropole sont dans le même cas. Ce sont principalement les maisons en tôle qui sont concernées : 97 % n’ont pas de toilettes à l’intérieur du logement, 79 % sont sans électricité ou avec une installation électrique dégradée.

Une autre caractéristique des logements à Mayotte est leur surpleuplement, c’est-à-dire qu’ils sont trop petits par rapport à la taille du ménage : plus de six logements sur dix sont surpeuplés, contre un sur dix en métropole. Une fois encore, ce sont principalement les maisons en tôle qui sont concernées (9 sur 10) mais c’est aussi le cas pour la moitié des logements en dur. Or ce sont les logements surpeuplés qui sont les plus défectueux : 88 % des logements surpeuplés ont au moins un défaut et 46 % en ont quatre ou cinq. À Mayotte, 35 % des logements sont en surpeuplement accentué : ils devraient disposer d’au moins deux pièces supplémentaires.

Finalement, on observe une segmentation du marché du logement mahorais. D’un côté, on trouve des logements proches des normes nationales, c’est-à-dire présentant au maximum un défaut (43 % des logements en location) où les loyers mensuels sont plus élevés (660 euros pour les logements sans défaut et 420 euros pour ceux avec un défaut). De l’autre, on trouve des logements ayant au moins deux défauts et qui ont donc des loyers mensuels nettement inférieurs (90 euros en moyenne et 60 euros pour un logement qui cumule les cinq défauts). 

La Revue du projet, n° 64, février 2017

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