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Comment réagir après un attentat?, entretien avec Hubert Wulfranc

Après la tragédie survenue à Saint-Étienne-du-Rouvray la municipalité a dû faire converger dans un laps de temps très court un appel politique et une réaction citoyenne.

 

Quel effet cet événement a-t-il eu sur la population locale ? Quelles ont été les réactions ?

Immédiatement, la réaction c’est le choc. Plus que le choc, c’est l’incompréhension. Un profond désarroi apparaît dès la tragédie et dans les heures qui suivent.
Notre responsabilité était de faire converger dans un laps de temps très court un appel politique et une réaction citoyenne. En effet, la multiplication des attentats a affaissé les réactions populaires. Nous avons rendu un hommage le 28 juillet, deux jours après la tuerie dans l’église. La réaction était d’ampleur et très digne, le stade de la ville était plein. Mais, en même temps, ces mobilisations passent sous silence ceux qui ne se sont pas déplacés à cet hommage.

 

Qu’entendez-vous par «affaissement de la réaction populaire»?

Quelques jours après les attentats de janvier 2015, des millions de personnes ont défilé dans la rue. Après le Bataclan, on connaît l’effroi certes – peut-être est-il plus grand encore – mais la réaction politique des masses populaires est moins puissante. C’est pourtant à ce moment-là que se joue le réflexe républicain, progressiste et démocratique. Il faut faire converger les émotions sur un axe politique fort.

 

À la suite d’un tel événement, comment un élu local peut-il éviter la division?

En ce qui nous concerne, dans le mois qui a suivi, nous nous sommes davantage concentrés sur la rentrée scolaire. C’est une étape décisive de reprise des liens entre tous. Les familles se rencontrent et se côtoient, elles échangent. Et, évidemment, c’est une étape essentielle pour les enfants qui renouent avec l’école. Nous avons appuyé sur l’idée que, plus encore qu’hier, c’est là que tout se joue.

 

Comment lutter contre le phénomène terroriste?

À l’échelle d’un maire, c’est d’abord des politiques publiques généralistes qui en aucun cas ne peuvent se substituer à l’action de l’État. Les élus locaux se démènent sur de nombreux fronts : dans le domaine du sport, de la culture, de l’éducation et de l’éducation populaire. Mais nous n’avons que peu de leviers pour agir dans le domaine du terrorisme. Ces événements requièrent une expertise policière et judiciaire qui est en dehors de notre sphère de compétence et de connaissance.

 

Comment analysez-vous ce phénomène?

C’est la responsabilité de l’État républicain qui est directement interrogée, en matière de politique intérieure, dans le champ de l’économie, du social et de la sécurité.
Par exemple, nous sommes le premier des pays exportateurs de matériels militaires très sophistiqués. Notre pays passe contrat sur contrat avec des pays fauteurs de guerres régionales, ou de guerres civiles. Les ventes d’armes alimentent des théâtres d’opérations militaires où les factions extrémistes et mafieuses s’alimentent directement, étroitement liées qu’elles sont par des intérêts de pouvoir et d’argent avec des États ultraconservateurs. Ces factions sont dans la boucle de ce marché que la France est un des tous premiers à fournir et à entretenir. Un pays comme le nôtre ne devrait-il pas s'interroger sur le rôle qu'il joue dans le monde ? n

 

*Hubert Wulfranc est maire (PCF)

de Saint-étienne-du-Rouvray (76).
 

La Revue du projet, n° 64, février 2017

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le 20 mars 2017

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