La revue du projet

La revue du projet
Accueil
 
 
 
 

L’espion et l’enfant, Ian Brossat

Flammarion, 2016

Par Victor Laby
Dans ce récit personnel émouvant, Ian Brossat, maire adjoint communiste en charge du logement à Paris, revient sur son enfance. Une enfance mouvementée, marquée par la figure de « Saba », son grand-père. Marcus Klingberg, juif de Pologne, petit-fils de rabbins, vit dans les années 1930 la montée en puissance des nazis. À l’université, il est impressionné par des étudiants communistes qui protègent les étudiants juifs des persécutions des fascistes. Lorsque les Allemands entrent en Pologne, il fuit le pays et se réfugie en Union Soviétique. Le 22 juin 1941, il se porte volontaire comme médecin militaire commandant de 3e rang dans l’Armée rouge. Un parcours qui marque le début d’une grande fidélité à la patrie soviétique et au communisme. Une fidélité telle qu’elle conduira Markus Klingberg, une fois la guerre passée et installé en Israël, à transmettre des informations à l’URSS à partir de l’institut de recherche ultra-secret de Ness Ziona qu’il codirige…

De fait, l’histoire commence par les visites que le petit Ian rend à son grand-père dans un drôle de zoo : en réalité la prison d’Ashkelon. Espion, Klingberg a écopé d’une lourde peine. Lors de ces allers-retours en Israël, Ian Brossat mesure la violence de l’appareil carcéral de l’État israélien. Dans les parloirs où les vexations infligées aux familles sont systématiques, il se place d’emblée du côté de ceux qui en sont les principales victimes : les Palestiniens.
Une fois libéré, Marcus Klingberg (décédé à l’hiver 2015) entretient son petit-fils jusqu’au bout dans le souvenir du sacrifice des 27 millions de civils et de militaires soviétiques qui ont perdu leur vie dans la « grande guerre patriotique » menée pour délivrer l’Europe de la barbarie.
Dans ce texte passionnant, Ian Brossat relate ainsi son histoire familiale et la place importante que prend l’exemple de son grand-père dans sa propre formation. C’est dès l’enfance qu’il se plonge dans le bain de la politique avec la campagne entamée avec sa mère pour la libération de Marcus mis au secret dans les geôles israéliennes. Campagne de presse, pétitions d’intellectuels… Alors que ses parents sont engagés de longue date à l’extrême gauche, Ian Brossat prend sa carte au PCF, soucieux de changer les choses concrètement, d’être utile et de mettre les mains dans le cambouis. Ce livre c’est aussi sa propre histoire.

La Revue du projet, n° 56, avril 2016
 

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

L’espion et l’enfant, Ian Brossat

le 09 mai 2016

    A voir aussi