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Gouverner sans le peuple, Patrice Bessac

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Les bavardages n’y pourront rien. A la fin, il ne reste que les faits et les paroles verbales ne comptent pour rien.

Les faits sont simples. Le modèle social sur lequel nos sociétés ont bâti un large consensus social et politique est en voie de disparition. La peur du lendemain a envahi de larges couches. La rupture de l’égalité de chaque citoyen devant des droits essentiels est consommée.

Le système est devenu instable. Pas du point de vue économique car l’instabilité est son essence. Mais du point de vue social et politique. Dans le cadre des paramètres économiques actuels, cette instabilité devient ingérable.

L’offensive idéologique et électorale du Front national n’est qu’un signe parmi d’autres. Marine Le Pen est un précipité de cette peur sociale qui envahit tout et qui appelle la protection.

Et il n’y a aucune raison pour que cette réalité qui a provoqué des alliances droite-droite extrême en Europe ne finisse pas par avoir raison des composantes les plus républicaines de la droite française. Ce n’est plus qu’une question de temps. La droite n’aura bientôt plus d’autres options.

Le problème n’est donc pas le Front national en lui-même mais la contamination idéologique, le basculement dans l’acception d’une gestion populiste et autoritaire des crises.

Remarquons un autre fait. Les représentants de l’Establishment avec qui j’ai eu l’occasion de débattre sont en réalité devenus schizophrènes. La plupart ont une vision claire des difficultés immenses que notre pays et notre monde auront à affronter. Les plus lucides, ils sont nombreux, ont identifié la faillite du système, organisée par le capital financier. Et cette lucidité, cette conscience que nous sommes au bord de l’abîme provoque invariablement la même réaction : impossible de changer quoi que ce soit, les paramètres sont trop nombreux, essayons de gagner la compétition pour la survie.

Le sujet suivant est à mes yeux le seul qui vaille. Voulons-nous gouverner avec le peuple ou sans le peuple ? Voulons-nous limiter notre propos à l’élaboration d’un programme gouvernemental conçu pour réunir une majorité électorale ou voulons-nous engager le chantier de notre génération, c’est-à-dire sortir le siècle de l’autoritarisme des marchés financiers ?

Toute la critique du projet socialiste est là. Le détail est souvent sympathique mais l’essentiel est absent. Et l’essentiel, c’est l’union européenne, c’est le système financier, c’est le commerce et la production mondiale.

À ce propos rapide, je recevrai sans nul doute mille critiques sur ce que j’ai oublié. Crise écologique, énergétique, anthropologique, éducative. C’est vrai. Et pris isolément la résolution de chacune de ces crises se heurtent frontalement à l’esprit des lois actuelles que je viens de décrire.

Alors, après tout cela, après et avant 2012, nous bavarderons encore beaucoup. Le problème restera dans sa nudité : gouverner avec ou sans le peuple ?

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Par Patrice Bessac, le 06 avril 2011

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