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Europe centrale et orientale, José Cordon

L’important élargissement de l’Union européenne (UE) aux pays d’Europe centrale et orientale en 2004 a accentué les dérives d’une construction européenne marquée par l’extension progressive d’un espace de libre-échange impliquant la mise en concurrence de modèles sociaux tirés vers le bas et la mise en œuvre d’une PESC-PESD (politique extérieure et de sécurité commune – politique européenne de sécurité et de défense), caractérisée par la compatibilité (gravée elle aussi dans le marbre des traités) avec l’OTAN. Dans le processus d’élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ou aux pays des Balkans occidentaux, l’adhésion à l’OTAN a précédé celle à l’Union européenne. Dès 2003, l’UE institue une politique de voisinage avec les États de son pourtour Sud et Est n’ayant pas de vocation à entrer dans l’Union. Loin d’œuvrer à des politiques de coopération sur une base d’égalité et de réciprocité, elle met en place des partenariats favorisant une extension de sa zone d’influence sur la base d’une libéralisation économique très marquée. Dans son voisinage oriental, cette politique s’est caractérisée également par une tentative de pousser les pays de la Communauté des États indépendants issus du démantèlement de l’URSS, à des partenariats/coopérations de plus en plus poussés avec l’OTAN, ce qui a aggravé la confrontation avec la Russie, comme en Géorgie et en Ukraine. Toute ambition européenne propre, toute volonté de l’UE de pouvoir aspirer à jouer un rôle d’acteur indépendant dans le monde, est contrecarrée par cet alignement stratégique avec l’OTAN et les États-Unis. Les principes inscrits dans les traités d’Amsterdam (1997), de Nice (2001) préconisant une PESD destinée à « la prévention des conflits », à la gestion des crises, définissant des « missions de force de combat », de « rétablissement de la paix » ont été définis en ce sens. Une « force de réaction rapide est créée à partir de 2000. Des structures d’association bilatérale comme les « partenariats pour la paix » visant à inclure les pays de l’UE non-membres de l’OTAN, dans cette visée stratégique atlantiste (l’Ukraine en fait partie depuis 1994), sont allées dans la même direction. La politique extérieure de la France, sa politique de défense dans le cadre de l’UE, ont elles-mêmes évolué en ce sens, notamment depuis la réintégration dans le commandement militaire intégré de l’OTAN en 2009, interdisant ainsi toute visée propre et indépendante et renforçant, au contraire, un interventionnisme militaire accru dans le cadre des objectifs stratégiques « otaniens ». Une alternative progressiste européenne doit voir le jour, qui permette dans une refondation de l’Europe, de ses institutions, de rompre avec les politiques à travers lesquelles la gouvernance actuelle de l’UE tente d’imposer de nouvelles régressions sociales, démocratiques et militaristes. Elle passe notamment par l’impulsion de nouvelles politiques de voisinage, redéfinissant un nouveau cadre de sécurité collective commune se dégageant de la tutelle de l’OTAN et des contraintes ultralibérales d’un marché unique euroatlantique aux conséquences désastreuses pour les peuples de tout le continent européen.

*José Cordon est membre de la commission Relations internationales-Europe du Conseil national du PCF.

La Revue du projet, n° 54, février 2016
 

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Europe centrale et orientale, José Cordon

le 14 February 2016

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