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Synthèse des débats, Isabelle Mathurin

Cet atelier a réuni une centaine de personnes. La démarche poursuivie pendant cet atelier a été de répondre aux trois questions de l’expression des besoins, de la détermination de la réponse aux besoins exprimés et du contrôle de la mise en œuvre des réponses. Il y a eu 26 interventions.

Comment fait-on s’exprimer les besoins ? Les besoins tels qu’ils peuvent s’exprimer sont façonnés par les rapports sociaux où l’idéologie patronale domine (ex. des missions actuelles de pôle emploi) et par l’histoire. Comment s’émanciper de cette situation pour que les besoins humains individuels et collectifs de la majorité de la population s’expriment (par exemple pour participer aux prises de décisions) ? La lutte contre les inégalités et pour une égalité réelle ne peut-elle pas être un point de départ ? Encore faut-il combattre l’idée propagée qu’aucun progrès social n’est possible en raison de l’enveloppe fermée pour les besoins humains et sociaux et les services publics (ex. hôpitaux). La lutte contre le sentiment de fatalité fait partie des conditions pour faire s’exprimer les besoins : la lutte contre le coût du capital permet de faire émerger une réponse politique ; les richesses existent pour une alternative au travail précarisé et au chômage de masse. Comment faire s’exprimer cette aspiration à l’égalité par les couches sociales les plus touchées par l’exploitation et les inégalités (femmes, jeunes, personnes âgées avec des petites retraites, seniors en recherche d’emploi) ? Il nous faut nous tourner vers eux et faire s’exprimer collectivement ces besoins alors que la société cherche à diviser la population entre travailleurs et assistés et à leur imposer des droits réduits. Une action essentielle est de sensibiliser nos concitoyens à la nocivité des mesures prises par le gouvernement qui remet en cause les conquêtes sociales. L’attaque portée à la notion d’universalité par l’exonération des cotisations sociales et le plafonnement des prestations familiales, remet en cause la solidarité entre les différentes couches sociales pour contribuer au bien commun de la sécurité sociale et laisse place au ciblage de la prévention en santé par exemple. Toutes ces questions vont nous être posées dès maintenant dans le cadre de la bataille pour les élections cantonales. Les communistes sont placés devant la responsabilité d’ouvrir des espaces de débat et d’échange direct avec la population, pour la satisfaction de ces besoins humains et sociaux. Il nous revient de faire connaître les droits et les espaces démocratiques qui existent pour intervenir et faire avancer les besoins quand ils sont reconnus par la population. L’action pour une utilisation démocratique de l’épargne salariale, de l’argent des banques, pour la réponse aux besoins humains et sociaux, les services publics sont des droits d’intervention à conquérir. Comment faire en sorte que les droits comme le droit au logement soient reconnus et défendus par ceux-là mêmes qui en ont besoin et alors que les services publics mêmes ne sont plus en mesure de répondre pleinement à ces besoins, en raison des orientations actuelles ? Là encore, la bataille contre le coût du capital joue son rôle mais aussi notre capacité d’amener les citoyens vers l’action en allant à leur rencontre par des initiatives citoyennes, des comités de vigilance citoyens avec les élus, en dénonçant l’injustice sociale, pour reprendre le pouvoir et intervenir sur le cours de la vie quotidienne (comme le logement, l’aménagement du territoire ou la reprise d’entreprises qui ferment faute de repreneur) et combattre les réponses déviantes (clientélisme par exemple). Dans les entreprises, il nous appartient de susciter l’intervention pour défendre les droits, sur le sens du travail, dénaturé par le capitalisme et penser le travail aussi pour contrer la ségrégation vis-à-vis des femmes.

Comment déterminer la réponse aux besoins exprimés ? Comment construire un projet émancipateur avec les citoyens, les salariés ? Sur quels leviers devons-nous agir contre le coût du capital ? Comment transformer des besoins en droits par un travail d’élaboration du projet ? Nous sommes conscients que, pour répondre aux besoins, il est nécessaire d’affronter deux dogmes mis en avant pour faire se résigner les salariés et la population : le coût du travail et la réduction de la dette publique alors que ce sont précisément ces politiques qui alimentent la crise. Nous ne pouvons pas nous contenter du partage des richesses mais aussi des conditions de production. Face au coût du capital, nous devons développer la demande sinon les gains de productivité vont générer du chômage. Nous pouvons les utiliser en libérant les hommes et les femmes de la charge du travail, par le développement de la formation (sécurité de l’emploi et de la formation), des services publics, en augmentant l’investissement public et l’emploi public pour que par exemple, l’argent obtenu de la banque centrale européenne ne soit pas utilisé pour diminuer les dépenses publiques. Une grande bataille pour l’emploi permet d’augmenter la masse salariale, le financement de la protection sociale et alimente les cotisations sociales prises sur la plus-value. Au regard de cette réponse aux besoins sociaux et humains exprimés, nous devons revisiter les notions par le débat public afin de leur donner une nouvelle légitimité. Ainsi à nous de poser avec la population, la question de l’utilité de certains équipements publics comme les LGV( lignes à grande vitesse) ce qu’est un pôle public, ce qu’on met derrière le terme décentralisation. Dans l’industrie, nous pouvons proposer des solutions alternatives à celle en vigueur de la norme du « moins-disant » actuelle par des normes sociales (anti TAFTA), au plan européen, assorties de taxes capables de développer l’emploi y compris dans les PME. Comment renverser les critères actuels de gestion des services publics (nombre d’actes au détriment de la qualité du travail) ? Organisons notre réponse de façon d’une part à répondre aux besoins urgents par des réponses en conséquence et d’autre part organisons une planification écologique et humaine à partir des besoins individuels, en mettant de l’en-commun, en faisant un état des lieux de tous les droits existants et en tenant compte de l’évolution technologique dans le travail, du contexte environnemental pour ne pas tomber dans le productivisme. Si on admet qu’aujourd’hui l’accès aux droits lui-même est empêché par la marchandisation, comment faire grandir l’aspiration à plus de droits, jusqu’à les inscrire dans la Constitution ? Ainsi il nous revient d’affronter les débats sur la gratuité permettant un égal accès aux services publics, gratuité remise en cause dans l’éducation et à conquérir pour l’accès aux transports par exemple. Nous voulons inscrire dans nos programmes pour les élections cantonales la création de service national des aides à la personne et en débattre avec la population. Cela signifie débattre d’une réforme de justice fiscale. De même l’objectif d’une protection sociale à 100 % suppose de montrer que les financements existent. Pour convaincre que l’on peut gagner, il nous faut mettre en avant le succès de batailles menées contre des projets nocifs, tels ceux impliquant le partenariat public privé, tentative de marchandisation du service public, grâce à une campagne publique réussie.
Quel contrôle de la mise en œuvre des réponses ? Plusieurs exemples. Ainsi il revient aux communistes, aux salariés de dénoncer l’insuffisance des moyens     accordés au recouvrement des cotisations sociales des entreprises, d’en faire une bataille publique et de contrer le déficit de la sécurité sociale. Afin de créer les conditions de ce contrôle citoyen, pour les élections au conseil général, nous pouvons proposer la mise en place d’un conseil cantonal tripartite associant élus, citoyens, représentants des PME et acteurs de la vie départementale, et les faire vivre pendant toute la durée du mandat.

La Revue du projet, n°42, décembre 2014.

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Synthèse des débats, Isabelle Mathurin

le 15 décembre 2014

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