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Nature et politique, Contribution à une anthropologie de la modernité et de la globalisation, Fabrice Flipo

Éditions Amsterdam, 2014

Par Florian Gulli

Ce livre est une véritable somme. La bibliographie est immense. Une bonne partie de ce qui est écrit sur l’écologisme en langue française y est exposée et discutée.
Il n’est pas question de définir le mouvement écologiste, tant celui-ci est complexe (comme tout mouvement). Fabrice Flipo tente plutôt d’élaborer des « sites de controverses » afin de ne pas nier les contradictions de l’écologisme en exagérant son unité. Quatre grandes questions sont retenues : « Les droits de la nature contre l’humanisme ? », « L’écologisme, un mouvement antidémocratique », « Une « économie écologique » ? », « Un monde “réenchanté”». L’examen de ces questions fait un sort aux nombreuses caricatures des thèses écologistes.

Qu’est-ce que l’écologisme ? C’est un courant de pensée qui n’a pas seulement pour objet de protéger l’environnement. Il entend « remonter aux causes de la destruction de la nature et […] porter une alternative globale de société ». L’écologisme veut être un nouveau paradigme, alternatif  aux deux grands modèles qui se sont partagés la modernité jusqu’aux années 1970 : le libéralisme et le marxisme. Bien qu’opposés, ils partagent un certain nombre de présupposés communs que l’écologisme s’emploie à mettre en lumière. Le développement technique est le point aveugle du libéralisme et du marxisme. Le marxisme en particulier oscille entre l’enthousiasme pour le développement des « forces productives » et l’acceptation sans critique de la technique. L’idée est que les moyens techniques sont neutres et qu’ils sont simplement annexés par la logique capitaliste prédomine. Les thèses d’Illich affirmant qu’au-delà d’un certain seuil l’accumulation des moyens est source d’inefficacité n’ont pas été discutées.
Fabrice Flipo analyse longuement les rapports entre les Verts et les Rouges. Si des convergences sont envisageables pratiquement, le Vert demeurerait malgré tout irréductible au Rouge. Si l’auteur se défie de l’« écosocialisme », du « socialisme vert » ou encore de l’« écocommunisme radical », c’est parce qu’il doute de l’intérêt, pour l’écologisme, de la référence au socialisme, référence encore trop entachée de productivisme ou au contenu trop imprécis.
L’indétermination des projets socialistes et communistes est sans doute exagérée. Néanmoins, c’est l’ambition de La Revue du Projet de contribuer, avec les mouvements sociaux, à renouveler ces idées. La convergence des Rouges et des Verts pourra alors peut-être dépasser le stade des rencontres ponctuelles pour devenir plus théoriques.

La Revue du projet, n° 37, Mai 2014
 

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le 28 mai 2014

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