Éditions du Cherche-Midi, 2014
Par Léo Purguette
« Chacun écrit son livre sur Marseille. Longtemps j’ai hésité à ajouter mon volume à la bibliothèque », reconnaît Jean-Marc Coppola dès l’incipit de son ouvrage. Ce qui lui a fait franchir le pas ? « Je ne veux pas parler de Marseille, je veux parler à Marseille », écrit-il.
Ce livre, que Jean-Marc Coppola signe en collaboration avec Pierre Dharréville, le secrétaire de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône, « se veut un cri, un appel, un manifeste ». La tête de liste du Front de gauche s’explique : « Aux armes citoyens ? C’est de la provocation me dira-t-on. Des armes, il y en a beaucoup trop dans cette ville. Elles continuent de cracher la mort sous nos yeux […] Ce n’est pas aux soldats que je demande de prendre les armes. Les armes des citoyens c’est leur voix, c’est leur tête, c’est leurs actes et leur engagement pour sortir de l’isolement et du renoncement. »
Très sévère sur le bilan de la droite en matière d’emploi, Jean-Marc Coppola égrène les industries qui ont fermé à Marseille et affirme : « La vérité, c’est que les forces économiques de cette ville ont majoritairement choisi la spéculation plutôt que la production de richesses. » Euroméditerranée ? « Il s’agit de nettoyer Marseille de ses pauvres et de ses industries. » L’Hôtel Dieu ? Un symbole de la vente à la découpe de la ville, « on y soignait autrefois les gens du peuple, il est aujourd’hui bradé et transformé en hôtel cinq étoiles pour les plus grandes fortunes de la planète ». Pour l’élu communiste des quartiers Nord, « Marseille n’est pas une ville pauvre, c’est une ville profondément inégalitaire ». Décidé à changer cet état de fait, Jean-Marc Coppola mise sur l’intervention citoyenne prenant appui sur des élus combatifs. Et pour donner corps à son propos, il cite la question de la prolongation du métro vers l’hôpital Nord évoquée par le Premier ministre lui-même. « Il est éclairant que lorsque l’on veut répondre aux besoins des gens, on vienne piocher dans les propositions des communistes […] ce n’est pas la victoire d’untel ou d’unetelle mais bien une première victoire de la population qu’elle doit à sa mobilisation », insiste-t-il rappelant les milliers de signatures recueillies.
L’épisode a valeur d’exemple. L’ensemble de son livre reflète cette démarche. Services publics, emploi, formation, équipements, transports : pour Jean-Marc Coppola rien n’est donné, rien n’est acquis, tout doit se gagner collectivement. « Le mouvement du 1er juin, initié par des femmes des quartiers populaires contre la violence, témoigne de cette énergie populaire qui peut se transformer en propositions politiques pertinentes et audacieuses. » Semant de page en page, celles issues des Assises du Front de gauche pour Marseille, il ne manque pas d’égratigner la primaire du PS « une bataille de socialistes entre eux et pour eux ».
À la fin de l’ouvrage de Jean-Marc Coppola, l’interrogation un peu timide de son titre devient une exclamation : « Aux armes citoyens ! » Une façon d’affirmer qu’il ne cherche pas la conquête de la mairie pour lui-même et que bien des Bastilles restent à prendre.
La Revue du projet, n° 35, mars 2014
Il y a actuellement 0 réactions
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.