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« Paris n’est pas à vendre », comment lutter contre la crise du logement à Paris ? Jacques Baudrier

70 000 nouveaux logements sociaux à Paris depuis 2001 : un effort historique a été engagé par la municipalité d’union de la gauche à Paris en deux mandatures. Les élus communistes, dès 2001, rejoints ensuite par les élus du Parti de gauche, ont pesé très fortement pour obtenir ce résultat.
Malgré cet effort historique pour le logement social, paradoxalement, la crise du logement à Paris n’a jamais été aussi profonde. Depuis 2000, l’indice des prix de l’immobiliser a plus que doublé (plus de 8 000 € le m² de prix moyen aujourd’hui) et les loyers dans le secteur privé ont augmenté de plus de 40 %. Il n’y a jamais eu autant de demandeurs de logements sociaux à Paris (140 000). Il y a urgence à proposer des solutions, et c’est ce que nous avons essayé de faire avec Ian Brossat, président du groupe communiste et des élus du Parti de gauche au conseil de Paris en rédigeant en avril dernier un petit ouvrage dénommé Paris n’est pas à vendre. Propositions face à la spéculation.

La construction de logements sociaux
C’est la première proposition. Paris comme toute l’Île-de-France souffre d’une lourde pénurie de logements : il en manque près de 500 000, et le rythme de construction – 40 000 par an dans la région – est beaucoup trop faible. Il devrait être au moins deux fois plus élevé. Mais si la production de logement social est essentielle, indispensable, elle ne doit pas être le seul levier d’action, tant s’en faut. Il faut également mobiliser des outils opérationnels, en termes d’action foncière et d’aménagement. Et surtout, il faut des moyens. Le Grand Paris Express (le métro de rocade tant attendu) et le plan de mobilisation pour les transports ont été engagés, plus de 500 millions d’euros seront investis dès 2014, un niveau qui va augmenter. Il faut un engagement du même type pour l’aménagement et le logement : plus d’un milliard d’euros par an. Nous proposons de mettre à contribution la spéculation immobilière : la création d’une taxe foncière additionnelle dans les arrondissements de Paris ayant très peu de logements sociaux, l’augmentation des droits de mutation à titre onéreux. La relance de la construction en Île-de-France est indispensable, et il faut de l’argent pour cela. Mais difficile d’imaginer la construction de centaines de milliers de logements supplémentaires dans Paris même : il n’y a tout simplement pas la place.

Mobilisation du parc de logements vides
Et pourtant, il y a beaucoup de logements à Paris qui pourraient être mobilisés : tous ceux qui ne sont pas, mal ou très peu occupés, plus de 140 000 logements sur les 1 300 000 existants. Il y a les 40 000 logements complètement vacants, que leurs propriétaires (souvent riches) délaissent.
Il y a les plus de 80 000 résidences secondaires parisiennes, très nombreuses au centre et à l’ouest : près de 20 % des logements du 7e ou du 8e arrondissement sont des résidences secondaires.
Il y a les plus de 20 000 meublés touristiques, loués souvent en toute illégalité et à prix d’or. Tous ces logements vides, mal ou très peu occupés sont situés surtout au cœur de Paris, dans les quartiers les plus bourgeois, les mieux desservis par les transports collectifs : un gâchis incroyable, et une ressource à mobiliser d’urgence. Des outils simples existent ou peuvent être créés pour les mobiliser, sans même à avoir à engager un quelconque investissement.
Il existe une taxe sur les logements vacants, mais dont les taux sont très faibles et pas du tout dissuasifs. Pourquoi ne pas les augmenter massivement pour forcer les propriétaires à les louer ? Les propriétaires de résidences secondaires au cœur de Paris payent une taxe d’habitation et une taxe foncière beaucoup plus faible que dans presque toutes les villes de banlieue. Pourquoi ne pas créer une taxe spécifique sur les résidences secondaires parisiennes pour que ces logements quasiment vides en permanences soient utilisés ? Les propriétaires de meublés touristiques risquent de payer des amendes, mais très peu dissuasives. Pourquoi ne pas les augmenter ?
Les communistes parisiens portent ces propositions, simples, efficaces, et susceptibles de rendre rapidement des dizaines de milliers de logements peu ou mal utilisés à la disposition des habitants et d’exercer une forte pression à la baisse sur le prix du logement à Paris.

*Jacques Baudrier, est maire adjoint (PCF)
à l’urbanisme du 20e arrondissement
de Paris.
La Revue du projet, N° 33, janvier 2014
 

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le 13 janvier 2014

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