La revue du projet

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États de la scène actuelle : 2009-2011

Théâtre/Public
n°203, 2012.
Par Stéphanie Loncle
En 2007, Bernard Sobel était remplacé par Pascal Rambert à la direction du Théâtre de Gennevilliers, sur la décision de Christine Albanel. Le nouveau directeur empressé d’effacer toute trace de son prestigieux et communiste prédécesseur a exigé que la revue Théâtre/Public, dont Sobel souhaitait garder la direction, quittât fissa les lieux. Dans la précipitation et l’urgence, une petite équipe d’intellectuels et d’artistes pour qui le communisme n’est pas un vilain mot et la critique théâtrale pas un encombrant tas de papier a consacré du temps, du travail et de l’argent à la survie de la revue. Que J.-L. Besson, C. Biet, A. Girault, J. Jourdheuil, M. Raoult-Davis et B. Sobel en soient remerciés, ainsi que l’équipe administrative qui épaule ce comité de rédaction. Les Éditions théâtrales, dont le directeur P. Banos-Ruf est de la trempe des premiers, assurent la coédition de la belle revue, dont la nouvelle maquette est remarquable d’élégance et de lisibilité.
Le dernier numéro propose « d’identifier et de situer ce qui se voit aujourd’hui sur les scènes européennes » à travers une série de cas qui offrent autant de portes d’entrée pour comprendre ce qui se joue entre le spectacle, la politique et l’économie dans la société contemporaine. Sont ainsi analysées les deux pièces « révolutionnaires » des dernières saisons théâtrales : Notre terreur et Que faire ? (O. Neveu), les contradictions du modèle allemand du « théâtre de ville » avec l’exemple de théâtre de Cologne (R. Jobez et C. Schmidt), ou encore la très libérale promotion des talents « émergents » qui masque mal la misère et l’autoritarisme de l’actuel champ théâtral (D. Scott). Il faudrait citer tous les contributeurs tant l’ensemble est pertinent.
Une belle revue, un comité de lecture vigilant et généreux, des articles intelligents, une iconographie pertinente… L’âme du Théâtre de Gennevilliers et de la démocratisation théâtrale serait-elle sauvée de la démagogie cultureuse et du libéralisme artistique ? C’est sans compter les baisses de subventions qui fragilisent son activité. Finalement, la revue n’a survécu au départ du CDN qu’en supprimant deux des trois postes à temps plein et en s’imposant des économies de fonctionnement qui compliquent les conditions de travail de ces vaillants.
La Revue du projet, n° 19, septembre 2012
 

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