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Comment une France de gauche peut-elle agir pour le désarmement ?, Jacques Fath

Aujourd'hui, les échecs majeurs de Washington et de l'OTAN en Irak et en Afghanistan, la confrontation sur le nucléaire iranien montrent, dans la complexité des enjeux et des contradictions, à quel point les politiques de puissance, dans leur esprit et leur visée néo-impériales, conduisent à des impasses et à des situations de crise encore plus profondes.  

     

L’exigence du désarmement s'impose d'abord parce que les problèmes du monde n'ont de solution durable que dans la réponse à la question sociale et aux moyens qu'on peut y consacrer. La baisse des dépenses militaires est donc essentielle.

Ensuite parce que les armements ont leur propre logique : le commerce et la diffusion des armes alimentent les crises et les conflits. On sait d'ailleurs que ce sont les armes légères et de petit calibre (quelques 600 millions circulent sur notre planète) qui font – et de loin – le plus de victimes.

 

Enfin, à chaque configuration différente des relations internationales correspond un certain type de course aux armements. Avec la deuxième moitié du XXe siècle, l'arme nucléaire a fait du désarmement une exigence qui touche aux enjeux globaux de sécurité mais aussi à la conception que l'on se fait de l'Humanité. Aujourd'hui, une nouvelle course aux armements porte sur le conventionnel, les technologies, la sophistication et la puissance des armements. Elle porte aussi sur la modernisation du nucléaire. On ne peut sérieusement penser les conditions de la sécurité internationale et le besoin de paix sans poser la question du désarmement  pour tous les types d'armes.

 

 

Cette approche signifie aussi un changement de paradigme. La sécurité par la puissance et par la dissuasion...Cela reste une politique de force. Dans le contexte de la guerre froide, la guerre nucléaire –  possibilité qui confinait à l'impensable – a été évitée mais pas la représentation des conflits, ni la prolifération du nucléaire et plus généralement des armes de destruction massive. Aujourd'hui, les échecs majeurs de Washington et de l'OTAN en Irak et en Afghanistan, la confrontation sur le nucléaire iranien montrent, dans la complexité des enjeux et des contradictions, à quel point les politiques de puissance, dans leur esprit et leur visée néo-impériales, conduisent à des impasses et à des situations de crise encore plus profondes. Ceux qui prétendent que la puissance constitue le facteur essentiel de la sécurité sont devant leurs limites et leurs échecs.

Une nouvelle vision des relations internationales

Il faut refonder toute l'approche de la sécurité internationale et répondre à la question : comment peut-on construire un monde de sécurité et de paix ? Le désarmement multilatéral et contrôlé (selon la formule du Traité de non prolifération), la baisse des budgets militaires, l'interdiction du trafic et le contrôle international strict du commerce des armes, l'effort constant pour résoudre politiquement les conflits dans un cadre légal et légitime, la priorité à la réponse aux attentes sociales et au développement... Tout cela doit constituer le cœur d'une nouvelle vision des relations internationales. C'est avec cette conception là que la France, une France de gauche, devrait redéfinir sa politique. Il n'est pas question de désarmer unilatéralement, ce qui n'aurait guère de sens dans le monde actuel et pourrait même se révéler dangereux. La responsabilité de la France, c'est d'être vraiment à l'initiative sur les plans international et européen pour contribuer activement et dans la durée à une dynamique pour le désarmement et notamment à la dissolution de l'OTAN. C'est indissociablement une responsabilité collective s'inscrivant dans l'esprit, les principes et les buts de la Charte des Nations Unies.

 

La privatisation de la sécurité est une dérive grave. Les activités de défense-sécurité comme les industries d'armement doivent relever de la souveraineté nationale et du domaine public, par la nationalisation lorsque c'est nécessaire. Elles doivent produire ce qui est utile à une défense nationale qui s'inscrive dans la nouvelle politique. L'importance relative de ces industries doit diminuer réellement au fur et à mesure des progrès du désarmement. L'emploi peut être conservé et développé dans des processus de reconversion et dans une économie de croissance. Le désarmement est possible dans une véritable alternative politique en France.

 

Jacques Fath Responsable du secteur relations internationales du PCF.

 

La Revue du Projet, n° 15, mars 2012

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le 09 mars 2012

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