Par Nicolas Dutent
Les Editions Les Arènes ont attiré dernièrement l’attention par l’intermédiaire de la plume de Bruno Fuligni et du livre-témoignage sur l’histoire du Parti communiste français qu’il a coordonné, objet ambivalent et de qualité inégale. Si la forme est assurément attractive, on peut douter parfois de la rédaction et de l’interprétation faite de certains contenus. Cet ouvrage, comme Paroles de l’ombre paru dans la foulée, séduisent davantage par le travail méticuleux apporté à la restitution de documents historiques très divers (c’est là tout l’intérêt de la démarche, aussi au fil des illustrations vous retrouverez l’affiche originale de la CGT datant du 1er mai 1936, l’Affiche rouge, le tract diffusé à Buchenwald, un dossier concernant l’exclusion de Marguerite Duras, le premier numéro de L'Humanité d'avril 1904, la lettre d'un militant scandalisé par le dessin de Picasso représentant Staline…) que par un décryptage rigoureux des faits relatés. Malgré une préface sérieuse et même de très bonne tenue, nous regrettons que la complexité inhérente à un parti qui a fasciné la société française et permis les plus grandes conquêtes sociales (par le communisme municipal et bien d’autres biais), ralliant les plus grands artistes et intellectuels du XXe siècle ne soit pas mieux traduite, plus évidente. Toutefois nous pouvons saluer la place confortable laissée aux archives personnelles de militants qui hier comme aujourd’hui ne se lassent pas de vouloir prendre les armes à la fatalité. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui continue de faire vivre et exister le PCF, le fait d’être un parti de militants qui, fût-ce à travers ses dissidences, ne renonça jamais à faire exister la possibilité d’un libre-arbitre souverain et le refus radical de considérer que le spectacle du Monde qui s’impose sous nos yeux est le seul possible ?
La Revue du Projet, n° 13, janvier 2012
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