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Face aux délocalisations, l’exigence d’une nouvelle industrialisation, Alain Morin*

À l'opposé d'une pérennisation de la société productiviste et consumériste du capitalisme, il s'agit de faire progresser les débouchés par un développement de tous les êtres humains, de leurs capacités.

La révolution informationnelle mise en œuvre sous la contrainte de la rentabilité financière a provoqué des changements considérables dans l'activité industrielle : au lieu de libérer du temps pour la promotion de chacun, les gains liés aux nouvelles technologies ont été utilisées pour des suppressions massives d'emplois. Le chômage et les bas salaires ont freiné la demande salariale tandis que délocalisations et abandons industriels ont asséché la demande d'investissement comme les débouchés à l'export. D'où l'insuffisance criante de la demande globale au cœur de la crise du capitalisme mondialisé et financiarisé.

 

La mondialisation sauce  « multinationales »

 

Il n'y a pas un type de mondialisation unique. Les crises, les luttes appuyées sur des idées alternatives appellent un autre type de mondialisation libéré de la domination des marchés et des multinationales, une mondialisation de co-développement des peuples et de coopération.

 

D'où le besoin d'une autre mondialisation plutôt qu'une « démondialisation ». A l'opposé d'une pérennisation de la société productiviste et consumériste du capitalisme, il s'agit de faire progresser les débouchés par un développement de tous les êtres humains, de leurs capacités. Cela passe par un essor des services publics, y compris pour promouvoir de nouveaux modes de production et de consommation, vers un dépassement progressif, mais effectif, du capitalisme. Cela suppose de changer profondément, du régional au mondial, les conditions de la production de richesses et de son financement avec, notamment, le besoin de nouveaux rapports entre industrie et services. C'est pour cela que l'enjeu ne saurait être seulement celui d'une réindustrialisation, mais bien d'une nouvelle industrialisation fondée sur de nouveaux principes, une nouvelle appropriation sociale de l'appareil productif et des services pour un nouveau type de croissance et de développement durable, la sécurisation de l'emploi, de la formation et du revenu des salariés avec, notamment des pouvoirs décisionnels des salariés (droit de veto suspensif et de contre-propositions, pouvoir de saisine d'un partenaire financier) dans l'anticipation et le traitement des difficultés, un nouveau crédit sélectif encourageant l'emploi et la formation pour les investissements matériels et de recherche des entreprises.

 

Face aux délocalisations, les salariés doivent pouvoir intervenir sur les choix des entreprises et des banques et s'attaquer aux prélèvements financiers du capital, aux critères des entreprises et des banques et à ceux des services publics. Il convient de faire respecter des normes sociales et environnementales communes aux Européens par des prélèvements sur les réimportations de productions délocalisées dont le produit alimenterait un Fonds de co-développement des peuples, et des crédits préférentiels, ce qui ne s'opposerait pas au développement nécessaire des échanges. Une maîtrise nouvelle des échanges mondiaux, une refonte de l'OMC, l'arrêt de la course au moins-disant social, un suivi des stratégies des multinationales et le développement, dans le cadre de l'ONU et de l’OIT, des pouvoirs d'intervention concertée des salariés permettant de maîtriser le contenu des échanges entre groupes, avec les comités de groupe, l’appui de l’euro pour un autre FMI et une monnaie commune mondiale émancipée de la domination du dollar, autant de propositions pour une autre mondialisation de progrès social.

 

*Alain Morin est rédacteur en chef d’Économie et politique.

Yves Dimicoli « La politique industrielle au défi de la révolution iformationnelle ». Brochure d'Économie et Politique, à paraître en décembre.

 

La Revue du Projet ,n°12, décembre 2011

Il y a actuellement 1 réactions

  • vers un dépassement progressif, mais effectif, du capitalisme...

    "...pour une autre mondialisation de progrès social". On voit bien que la mondialisation du capitalisme a pris une avance décisive telle que la "progressivité" de son éventuel"dépassement" lui laisse encore le temps de courir jusqu'au terme logique de sa "crise systémique" : un processus de guerre mondiale : les monstres de la finance extermineront "l'humain". Le rapport STIGLITZ remis à l'ONU alertait dès 2009 la communauté internationale , contre "l'insuffisance criante de la demande globale", au cœur de la crise du capitalisme mondialisé et financiarisé, la nécessité d'une maîtrise politique internationale de l'économie en cavale "libérale", l'urgence d'une monnaie commune sous le controle de l'ONU, etc...Il me semble qu'il faut faire référence à cette alerte salutaire adressée aux peuples, et qui montre les effets "contracycliques" anti-crise d'une justice sociale internationale. La Commission d'experts de tous les continents qui participa à l'écriture de ce rapport a donc produit un programme de résistance mondial qu'il serait profitable de populariser plutôt que de laisser croire à la "singularité marxiste " de "nos propositions .

    Par Alain Guillou, le 23 novembre 2012 à 23:23.

 

Face aux délocalisations, l’exigence d’une nouvelle industrialisation, Alain Morin*

le 10 décembre 2011

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