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La réappropriation sociale au coeur de notre projet - Robin Salecroix - 44

Le 37e congrès de notre parti se déroule dans un contexte difficile pour notre peuple. Nous sommes en effet dans une crise aux rebondissements et développements encore récents qui concerne la tendance à l’autonomisation de la finance et à la suraccumulation de capital. A la différence du régime d’accumulation classique du capital qui nécessite un passage par la production de biens matériels ou de services, nous sommes face à un régime spéculatif qui se réalise à la bourse ou lors d’un prêt bancaire. Cette réalité fait écho à un capitalisme qui tend toujours à s’affranchir de la production pour aller vers une forme pure d’accumulation, le capital s’engendrant lui-même. Cette crise de suraccumulation, tout comme le but de la production capitaliste est tout entier concentré dans la fructification de la valeur bien qu’à une échelle sociale, il soit impossible d’obtenir cet accroissement sans passer par la production. « La crise du capitalisme d’aujourd’hui se situe donc dans le déchirement entre les deux, entre l’illusion de la valeur s’enfantant elle-même et le rappel au réel » Isaac Johsua: La Grande Crise du XXIe siècle. Une analyse marxiste, éd. La Découverte, 2009.

Cette crise du capitalisme, sociale, écologique et démocratique, appellent nous en sommes convaincus à des réponses qui se hissent au niveau des enjeux de société, de civilisation même de notre temps. Dans ce contexte, l'horizon pour ouvrir une nouvelle espérance en France est bouché. La politique du gouvernement conduit notre pays dans une impasse terriblement dangereuse à tous points de vue. C'est donc la question de l’émergence d'une alternative de progrès social et démocratique qui se pose.

Les orientations du Conseil National nous invitent à pousser notre réflexion autour de trois enjeux clefs. Le premier concernant notre projet, le second les échéances électorales à venir et enfin les questions concernant notre organisation même, notre parti. Cette contribution porte sur ce premier enjeu.

Comme nous le savons, le projet porté par le Parti Communiste est le produit des récents débats s’étant déroulés dans notre organisation et est le fruit des apports théoriques historiques essentiels à notre analyse du monde. A l’image de notre conception matérialiste de l'histoire qui part du principe que la production, et l'échange de ses produits, constitue le fondement de tout régime social. A la différence des autres organisations politiques ou philosophiques, nous ne cherchons pas dans la tête des hommes, mais dans les modifications du mode de production et d'échange les causes dernières de toutes les modifications sociales et de tous les bouleversements politiques. Comme disait Engels « il faut chercher (les origines des bouleversements politiques) non dans la philosophie, mais dans l'économie de l'époque intéressée ». Appuyons nous plus que jamais sur ces lignes de forces théoriques alors que les réactionnaires mènent une offensive idéologique sans précédent sur la société et que nous nous heurtons à une forme de « mur de l’opinion » rendant nos propos inaudible et peu crédibles.

Ce congrès doit nous permettre d’analyser les raisons de ce décrochage profond entre nos ambitions, nos propositions, notre contenu idéologique et les français Les raisons externes à ce fossé réel sont multiples et nous les identifions relativement aisément ; censure des médias dominants, bataille culturelle à tous les étages contre le « communisme », enseignement d’une certaine vision de l’histoire …

Pourtant, nous le savons et notre histoire a été forgée par ces rapports de forces changeants et bien souvent en défaveur du camp révolutionnaire, les idées deviennent force que lorsqu’elles s’emparent des masses. Alors comment œuvrer dans la prochaine période pour contrer cet état de fait, renverser la vapeur, regagner des positions et rallier chaque jour un nombre plus grand de nos concitoyens à la lutte contre le capitalisme et à la fondation d’une société nouvelle ?

En premier lieu par la reformulation de notre projet et de nos propositions essentielles. Cela passera par la meilleure structuration de notre discours idéologique entre nos propositions de changements immédiats et nos ambitions de refondation à long terme. Ainsi, lorsque nous évoquons dans notre plateforme « La France en Commun », la réponse « au défi de l’emploi et de la transition écologique, par la relance de la production en France en promouvant un nouveau mode de développement et de production basé sur la réponse aux besoins, sur la planification écologique et sur un nouveau statut de l’entreprise », sommes-nous audibles à l’employé à qui nous sommes censé parler, à l’intérimaire, au précaire de longue durée ?

Nous devons porter plus fort que la raison ultime de toute véritable crise demeure toujours la pauvreté et la limitation de la consommation des masses, en face de la tendance de la production capitaliste à développer les forces productives comme s’ils n’avaient pour limite que la capacité de consommation absolue de la société. Face aux crises inhérentes à ce système, la formulation de nos réponses doit être plus franche. En effet, la réponse aux problématiques du moment ne pourra se satisfaire d’une perspective de refondation des statuts de l’entreprise comme notre plateforme « La France en Commun » le propose. Le Parti Communiste, sans passéisme doit à nouveau exprimer l’impérieuse nécessité de l'appropriation sociale des moyens de production qui élimine l’entrave artificielle de la production qui existe maintenant. L’appropriation commune réduit également la tendance au gaspillage et à la destruction effective des forces productives et des produits, qui sont actuellement les corollaires inéluctables de la production qui atteignent leur paroxysme dans les crises. En outre, elle libère une masse de moyens de production et de produits pour la collectivité en éliminant la dilapidation stupide que représente le luxe outrageant des classes actuellement dominantes et de leurs représentants politiques. La possibilité d'assurer, au moyen de la production sociale, à tous les membres de la société une existence non seulement parfaitement suffisante au point de vue mais leur garantissant aussi l'épanouissement et l'exercice libres et complets de leurs dispositions physiques et intellectuelles, cette possibilité existe aujourd'hui.

La socialisation des moyens de productions stratégiques doit ainsi être replacée au cœur de notre projet de société. Pour cette raison, elle doit constituer, à juste titre, la principale revendication des communistes. Principale mais pas unique, centrale mais pas obsessionnelle, essentielle comme pierre angulaire des propositions et ambitions qui en découlent.

Face à une crise systémique du capitalisme qui plonge bon nombre de nos concitoyens dans la précarité, nous avons le devoir d’aiguiser mieux nos propositions. C’est le sens de la proposition d’une meilleure mise en avant de l’appropriation sociale des moyens de production au sein de notre socle revendicatif.

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La réappropriation sociale au coeur de notre projet - Robin Salecroix - 44

le 24 février 2016

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