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Songe à la douceur, Clémentine Beauvais

Sarbacane, 2016

Par Camille Ducrot

Au mois de décembre 2015, Clémentine Beauvais, enseignante-chercheur en littérature à York, écrivait pour la rubrique Lire de la revue un très bel article : « La littérature jeunesse engagée, entre prescription et espoir ». Loin de s’arrêter à la recherche et à la littérature grise, Clémentine est aussi connue pour ses romans jeunesse (une quinzaine publiés majoritairement chez Talents Hauts et Sarbacane, mais pas que). Il faut lire Les Petites Reines, par exemple, qui a reçu le Prix Sorcière en 2016.

Son dernier titre Songe à la douceur est une sorte d’ovni dans le marché du livre jeunesse.

Clémentine Beauvais adapte en effet librement un classique russe peu lu : Eugène Oneguine, à la fois roman en vers de Pouchkine (écrit entre 1821 et 1831) et opéra de Tchaïkovsky (1879). Cette œuvre, elle l’a lue dans toutes les adaptations françaises et anglaises possibles, et écoutée dans diverses mises en scène d’opéra. L’histoire racontée est somme toute connue : un amour passionné entre deux personnages, pendant deux moments de leurs vies à dix ans d’écart. C’est une histoire d’indifférence, de rejet, de passion, de retrouvailles et de découverte.

Mais ce qui fait sa saveur particulière c’est que Songe à la douceur en est une adaptation en vers libres dans une mise en page particulièrement travaillée par l’éditeur, qui oblige à une gymnastique de l’esprit. Il ne s’agit ici pas seulement de lire le texte mais de lire les vers et leur mise en espace articulée au texte. Cette forme permet d’être au plus près de l’émotion des personnages en interprétant leurs échanges à partir de plusieurs regards : le texte décrira le caractère d’un des personnages et cette description sera complétée par le vers utilisé et sa mise en forme.

Ce roman est aussi un roman drôle et impertinent : l’auteur-narrateur saisit chaque prétexte pour donner son avis et commenter l’histoire, avec beaucoup d’humour. Elle porte sur ses personnages, pourtant tragiques, un regard tendre et mordant à la fois, se moquant de leurs faiblesses et de leurs contradictions. Impossible à sa lecture de s’empêcher de sourire.

Pourquoi lire ce roman ? Parce qu’un roman en vers – absent des paysages éditoriaux actuels – est un pari audacieux. Celui-ci est porté par une auteure débordante d’imagination qui a le désir de partager son plaisir de la lecture et des mots, en toute simplicité.
 

La Revue du projet, n°66/67 avril-mai 2017

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Songe à la douceur, Clémentine Beauvais

le 04 mai 2017

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