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Droits nouveaux et modernité, Camille Ducrot et Victor Blanc*

François Fillon a remporté la primaire des Républicains à la présidentielle ; mais finalement il nous importe peu de connaître le nom du candidat de la droite. La victoire revient d’ores et déjà au programme, commun dans les grandes lignes aux sept candidats, programme ultralibéral qui entérine un retour au début du XXe siècle et la suppression des droits sociaux acquis depuis : remise en cause de la fonction publique, suppression de l’ISF, diminution des impôts et augmentation des taxes, recul de l’âge de départ à la retraite, critique de la Sécurité sociale, etc. Sous couvert d’austérité, ce sont tous les droits conquis de haute lutte au cours du dernier siècle qui tendent à être remis en question : droit au loisir, droit à la santé, droit à l’éducation, droit à l’égalité, droit au logement…
Les prétextes évoqués, du sérieux et du réalisme, masquent mal la volonté de servir les intérêts des plus riches, élargissant ainsi le fossé qui les sépare des plus pauvres. La crise a bon dos pour justifier une absence d’audace politique progressiste, au mieux, ou une attaque conservatrice et libérale, au pire. De nombreux exemples montrent pourtant que les droits nouveaux ne se sont pas souvent construits dans des périodes « faciles ». Les deux derniers films de Gilles Perret qui interrogent la création du programme du Conseil national de la Résistance et l’histoire de la Sécurité sociale le prouvent. De 1939 à 1945, le CNR a inventé, en pleine Résistance, dans la clandestinité, un programme politique de conquêtes sociales attaché à mettre en place à la Libération des droits inexistants auparavant. C’est à partir des Jours heureux que les femmes ont enfin obtenu le droit de vote, effectif en avril 1945. Le préambule de la Constitution de 1946 reconnaît aussi le droit à la santé par exemple via la mise en place de la Sécurité sociale nationale pour tous. C’est un monde ouvrier prêt à se battre pour ses intérêts de classe qui a rendu ces droits effectifs. Les caisses de la Sécurité sociale ont ainsi été créées sur le territoire par des collectifs issus majoritairement de la CGT. Ces expériences prouvent qu’il est possible de penser des droits et de les appliquer réellement, même quand la situation ne semble pas propice.

Aujourd’hui, à l’heure où les partis politiques capitalistes font passer pour modernes les pires régressions sociales, il est urgent de reprendre la main pour faire appliquer des droits devenus internationaux ou pour en penser des nouveaux, adaptés à l’évolution du monde et des mentalités. Nous vous proposons donc un dossier qui tente d’explorer ce que pourraient être ces droits nouveaux sur les questions du logement, du travail ou de la famille, liées aux réclamations des associations LGBT. Mais nous ne voulons pas en rester à des propositions ; des articles interrogent ici la mise en place effective de droits pourtant reconnus comme fondamentaux. Qu’en est-il aujourd’hui du droit à l’éducation en France ? Ou du rôle de citoyen ?
Bref, il s’agit ici de s’interroger pour être plus à même de conquérir ensemble de nouveaux droits, de leur reconnaissance juridique à leur mise en place effective sur le terrain. n




*Camille Ducrot est responsable
des rubriques Lire et Critiques
Victor Blanc est responsable de la rubrique Poésies.
Ils ont coordonné ce dossier.

La Revue du projet, n° 63, janvier 2017
 

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Droits nouveaux et modernité,  Camille Ducrot et Victor Blanc*

le 11 février 2017

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