La revue du projet

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L'actualité du texte

Ce mois-ci, Léo Purguette, membre de l’équipe de La Revue du projet, témoigne des échanges suscités par une formation sur le texte à Toulouse, avant que les attentats de Paris ne soient commis. En complément, Jérémy Bacchi, responsable de la formation dans la fédération des Bouches-du-Rhône livre son opinion sur les raisons et la façon de poursuivre le travail sur La France en commun après les tragédies de Paris.

Débat à Toulouse

L’université d’automne du PCF de Haute-Garonne consacrait cette année un atelier à La France en commun. Objectif : comprendre la structure du texte et sa visée en feuilletant ensemble la brochure rouge désormais à disposition dans toutes les fédérations. Après une heure de présentation, le débat s’engage. Jean-Paul, estime d’emblée que le PCF doit rendre plus audibles ses prises de positions déjà présentes dans le texte en faveur des droits des étrangers et de la régularisation des sans-papiers qu’il préfère qualifier de « privés de papiers en France ». « Au moment où Valls enterre le droit de vote des étrangers », il y a urgence selon lui à faire valoir d’autres points de vue.
Monique suggère, quant à elle, de mieux lier santé et environnement en bâtissant une politique de santé publique du XXIe siècle fondée notamment sur la prévention en intégrant notamment la question de l’équilibre alimentaire. Elle juge en revanche regrettable l’utilisation par le texte de la notion de « dépendance » et lui préfère « la perte d’autonomie ». À ses côtés Martine acquiesce, apprécie la prise en compte de l’agriculture paysanne dans le projet communiste mais s’interroge sur l’expression « 100 % bio et circuits courts » qu’elle juge floue. Younès se félicite de l’existence du texte, appelle à le faire connaître et au-delà à s’approprier « la pensée de Marx en mouvement ».
Christine pour sa part, regrette la place des questions internationales qu’elle juge insuffisante notamment à propos du désarmement. « La dissuasion nucléaire ne se justifie plus, face à Daech, je ne vois pas comment ça marche… », insiste-t-elle. Élodie, étudiante communiste, avance l’idée d’un salaire étudiant et évoque les travaux de Bernard Friot sur le sujet. Elle verrait, en ce sens, plus « la revalorisation générale des bourses d’études » dans la partie « mesures d’urgence » et met en garde contre les effets de seuil notamment à propos du remboursement « à 100 % des soins pour les jeunes de moins de 25 ans et les étudiants de moins de 30 ans » proposé dans La France en commun.
Juste à côté d’elle, Théo, un autre j­eune communiste, critique le service civique qui masque selon lui des réalités de travail « pires que celles combattues dans le CPE ». Il s’interroge sur le service militaire, la conscription dont « le parti ne dit rien ». Dominique, quant à elle, s’inquiète de l’insuffisante présence dans le texte « des mesures permettant de dégager des ressources nouvelles pour financer les chantiers que nous voulons mettre en œuvre ». Pour elle, la « refonte de la fiscalité » est une expression trop générale. Par ailleurs, elle souhaite que le texte lance « un véritable appel aux citoyens car notre projet rencontrera une résistance féroce en face ».
Selon Jean-Claude, il est nécessaire d’inclure à la réflexion sur le projet communiste du XXIe siècle, la question des retraités et de la vie après le travail qui s’allonge mais pas toujours en bonne santé. Mélanie aimerait « un chiffrage des mesures » mises en débat pour plus de crédibilité et juge la proposition d’encadrer les salaires dans une même entreprise dans une échelle de 1 à 20 déjà très généreuse pour les patrons. Amandine fait référence à un atelier ayant eu lieu le matin sur l’euro car elle juge que son existence dans sa forme actuelle est un obstacle à la réalisation du projet communiste. Jean-Marc souligne le ton résolument positif du texte La France en commun mais appelle à réfléchir à la façon dont il peut être perçu. « Il ne faut pas que ça tourne à l’incantation, parfois on donne l’impression qu’une majorité est d’accord avec nous dès maintenant ». Dans le débat on lui répondra que le rôle des communistes est de transformer la majorité objective qui a intérêt au changement en une majorité consciente et agissante. Pour finir, Nadine, appelle à ne pas confondre emploi et travail pour insister sur « la centralité du travail dans la construction de l’être humain » qu’elle veut voir réaffirmer dans le projet communiste de nouvelle génération.
Pressés par la nécessité de passer à l’atelier suivant, les participants ont promis de prolonger le débat dans leurs sections et de l’ouvrir au-delà.

 

Cinq questions à Jérémy Bacchi

Faut-il poursuivre le travail sur La France en commun comme il était engagé avant que ne surviennent les attentats de Paris ?
Avant toute chose, je salue l’attitude du parti après ces tragédies et le respect de la période de deuil. Face aux préjugés, à l’émotion, l’existence du projet communiste La France en commun a d’autant plus d’importance. Peu d’organisations apportent aujourd’hui des réponses claires aux aspirations populaires, et dessinent comme les communistes avec ce texte, la société qu’elles défendent. La nôtre est plus juste, égalitaire et fraternelle. Je la crois en phase avec l’aspiration à vivre en paix dans un monde plus fraternel qui s’est exprimée massivement après les attentats. Le fanatisme se nourrit d’une non-réponse aux besoins sociaux de la part du politique. En proposant un projet qui réponde à ces attentes nous créons les conditions d’enrayer les mécanismes « d’extrémisation » qu’ils soient religieux ou politiques.

Les événements n’interrogent-ils pas l’actualité du texte ?
Le texte posait un cadre avant les attentats mais insistait sur certains nombres de mesures à mettre en œuvre tout de suite. Pour moi son actualité est renforcée. Ce que nous mettions en évidence : l’exclusion d’une grande partie de la population de l’accès à l’emploi, à la santé, a montré qu’il pouvait provoquer des replis communautaires propices au fanatisme. Au contraire, nous proposons de bâtir des solidarités nouvelles et de construire une société qui protège les personnes contre ces dérives.

N’est-il pas compliqué de mener ce travail de pair avec la campagne électorale, parfois dans des rassemblements très larges comme en PACA?
Oui, Les élections ayant été maintenues, nous menons bataille plus que jamais sur des contenus de justice, de paix, de transformation sociale. Affirmer ses propres valeurs au sein du rassemblement est nécessaire. Le rassemblement doit permettre de valoriser les apports de ses différentes composantes. C’est aussi de cette manière que nous arriverons à nous faire entendre de manière bien plus large. Le fait d’avoir un contenu fort, un cap avec La France en commun est de mon point de vue, un atout au service du rassemblement.

Quelles initiatives de formation sur le texte ont été prises dans ton département ?
Nous avons décidé d’une soirée d’études au niveau fédéral courant janvier. Plusieurs sections l’ont déjà étudié, le collectif formation étant disponible pour aider, nourrir, enrichir les initiatives en partant de réalités locales. Dans notre département où un certain nombre d’événements sociaux marquant se sont déroulés nous avons des choses à apporter. Je pense à Fralib devenu Scop TI dans un véritable souci de réappropriation de l’outil de production par les ouvriers, mais aussi aux luttes dans le secteur pétrochimique ou dans celui des transports avec la SNCM. En partant de ces luttes, il est possible d’enrichir la réflexion nationale, de lui donner corps.

Ouvrez-vous les débats sur La France en commun au-delà des adhérents du PCF ?
La première étape c’est la formation en interne. Il est nécessaire que les communistes s’approprient ce document, le comprennent, en discutent, l’enrichissent… La seconde étape consiste pour moi à le porter à l’extérieur, pour l’enrichir encore au contact des acteurs sociaux. On ne fait pas un projet pour nous-mêmes, nous faisons un projet de société, un projet pour la société, il faut en discuter avec elle.

cinq questions à Jérémy Bacchi*

L’actualité du texte est renforcée

Faut-il poursuivre le travail sur La France en commun comme il était engagé avant que ne surviennent les attentats de Paris ?
Avant toute chose, je salue l’attitude du parti après ces tragédies et le respect de la période de deuil. Face aux préjugés, à l’émotion, l’existence du projet communiste La France en commun a d’autant plus d’importance. Peu d’organisations apportent aujourd’hui des réponses claires aux aspirations populaires, et dessinent comme les communistes avec ce texte, la société qu’elles défendent. La nôtre est plus juste, égalitaire et fraternelle. Je la crois en phase avec l’aspiration à vivre en paix dans un monde plus fraternel qui s’est exprimée massivement après les attentats. Le fanatisme se nourrit d’une non-réponse aux besoins sociaux de la part du politique. En proposant un projet qui réponde à ces attentes nous créons les conditions d’enrayer les mécanismes « d’extrémisation » qu’ils soient religieux ou politiques.

Les événements n’interrogent-ils pas l’actualité du texte ?
Le texte posait un cadre avant les attentats mais insistait sur certains nombres de mesures à mettre en œuvre tout de suite. Pour moi son actualité est renforcée. Ce que nous mettions en évidence : l’exclusion d’une grande partie de la population de l’accès à l’emploi, à la santé, a montré qu’il pouvait provoquer des replis communautaires propices au fanatisme. Au contraire, nous proposons de bâtir des solidarités nouvelles et de construire une société qui protège les personnes contre ces dérives.

N’est-il pas compliqué de mener ce travail de pair avec la campagne électorale, parfois dans des rassemblements très larges comme en Paca ?
Oui, Les élections ayant été maintenues, nous menons bataille plus que jamais sur des contenus de justice, de paix, de transformation sociale. Affirmer ses propres valeurs au sein du rassemblement est nécessaire. Le rassemblement doit permettre de valoriser les apports de ses différentes composantes. C’est aussi de cette manière que nous arriverons à nous faire entendre de manière bien plus large. Le fait d’avoir un contenu fort, un cap avec La France en commun est de mon point de vue, un atout au service du rassemblement.

Quelles initiatives de formation sur le texte ont été prises dans ton département ?
Nous avons décidé d’une soirée d’études au niveau fédéral courant janvier. Plusieurs sections l’ont déjà étudié, le collectif formation étant disponible pour aider, nourrir, enrichir les initiatives en partant de réalités locales. Dans notre département où un certain nombre d’événements sociaux marquant se sont déroulés nous avons des choses à apporter. Je pense à Fralib devenu Scop TI dans un véritable souci de réappropriation de l’outil de production par les ouvriers, mais aussi aux luttes dans le secteur pétrochimique ou dans celui des transports avec la SNCM. En partant de ces luttes, il est possible d’enrichir la réflexion nationale, de lui donner corps.

Ouvrez-vous les débats sur La France en commun au-delà des adhérents du PCF ?
La première étape c’est la formation en interne. Il est nécessaire que les communistes s’approprient ce document, le comprennent, en discutent, l’enrichissent… La seconde étape consiste pour moi à le porter à l’extérieur, pour l’enrichir encore au contact des acteurs sociaux. On ne fait pas un projet pour nous-mêmes, nous faisons un projet de société, un projet pour la société, il faut en discuter avec elle.

La revue du projet, n°52, décembre 2015

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le 10 janvier 2016

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