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Georges Corm, Pour une lecture profane des conflits

La Découverte, 2012 réédité en 2015

Par Hasni Alem
Face à l’invasion des thèses essentialistes et racialistes dans l’analyse des conflits au Moyen-Orient, l’intellectuel libanais Georges Corm propose sainement une lecture multifactorielle des tensions dans la région.
S’opposant au prétendu « retour du religieux », il met en évidence la continuité historique du phénomène religieux dans toute sa complexité, particulièrement son utilisation à des fins politiques. L’écrivain indique bien que la religion est un outil de puissance au service des politiques profanes des États. On peut voir d’une part l’exemple de la diffusion de la doctrine wahhabite saoudienne servant à justifier la monarchie absolue des Seoud et leur volonté d’imposer leur hégémonie au Moyen-Orient ; et d’autre part la politique israélienne de colonisation justifiée par une lecture littéraliste de l’Ancien testament.
Il démontre que les problèmes de la région n’ont pas pour unique source un mythique conflit de civilisations, mais qu’au contraire de multiples facteurs, aussi bien politiques, économiques, démographiques ou culturels, aboutissent à cet Orient compliqué, source de tous les fantasmes.

L’auteur termine son livre par un appel aux Lumières et à l’héritage de la Révolution française, matrices de l’humanisme moderne. Il prône une laïcité rénovée et adaptée au contexte moyen-oriental. En effet, la laïcité occidentale est le fruit d’une histoire singulière et d’un rapport particulier au christianisme. Pour aboutir à nos sociétés laïcisées, il fallut passer par plus de deux siècles de conflits religieux dans toute l’Europe avec tout son lot de massacres (et la France en a connu) pour permettre l’émergence d’un espace public autonome et acceptant le pluralisme. Quant au monde arabe, son histoire totalement différente empêche l’importation de ce modèle. Le pluralisme religieux fut de tout temps un fait et l’absence d’autorité centrale hétérogénéisa la religion ; par conséquent pour Georges Corm la laïcité correspond à l’acceptation du pluralisme couplé à une rigoureuse égalité citoyenne. Ainsi, dans le contexte arabe, la laïcité se manifeste par la liberté d’exégèse des textes sacrés, face au communautarisme servant de paravent aux différents opportunismes pseudo-religieux. n
La Revue du projet, n° 49, septembre 2015
 

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Georges Corm, Pour une lecture profane des conflits

le 24 septembre 2015

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