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Quand on jugeait les anarchistes. Chroniques judiciaires d’Albert Bataille (1856-1899)

La Louve éditions, 2015
Présentation
et notes de Stéphane Vautier
Par Stève Bessac
Cet ouvrage compile les articles d’Albert Bataille qui couvre les procès d’anarchistes pour Le Figaro. À travers seize affaires, allant du procès de Louise Michel en 1883 après son retour du bagne de Nouvelle-Calédonie suite à la Commune jusqu’au procès de Santo Caserio, l’assassin du président Sidi Carnot en 1894, en passant par ceux de Ravachol, figure de proue du mouvement anarchiste déjà étudiée par Jean Maitron, l’auteur retrace la chronique judiciaire du mouvement anarchiste de 1882 à 1894 après la publication des « lois scélérates » (1893-1894). Neuf affaires se concentrent sur les années 1892-1894 lorsque certains anarchistes décident de passer à la propagande par le fait, c’est-à-dire en pratiquant des attentats soit à l’encontre du pouvoir politique – comme dans le cas d’Auguste Vaillant qui lance une bombe à l’assemblée nationale en décembre 1893 –, soit contre le capital à l’image d’Émile Henry qui décide le 12 février 1894 de mettre une bombe au café Terminus car, dit-il, il est « fréquenté par les bourgeois » (p. 277).
Ces textes, présentés par Stéphane Vautier qui laisse beaucoup la parole à Albert Bataille, sont symboliques d’une époque, d’une époque où la chronique judiciaire a les faveurs de l’opinion publique, et pas seulement de la bourgeoisie lectrice du Figaro. En effet, de même que sous l’Ancien Régime, les gens accourent aux exécutions publiques, de même au XIXe siècle, la justice qui tend pourtant à être de plus en plus confinée dans la sphère des tribunaux (bien que les exécutions soient publiques jusqu’en 1939) continue d’intéresser les Français.
Mais ces procès sont surtout représentatifs d’une époque marquée par l’affirmation du capitalisme qui entraîne dans son sillage la misère sociale et par l’affirmation de l’État. Ces deux phénomènes expliquent alors le développement du mouvement anarchiste en France, et plus globalement en Europe. Un des mérites du livre est d’ailleurs de souligner l’ « internationalisme » du mouvement anarchiste. On remarquera également l’hétérogénéité sociale des prévenus, certains étant issus des classes ouvrières à l’instar de Léon Léauthier ou de Santo Caserio, d’autres appartenant aux élites socio-économiques (le prince Kropotkine ou Sébastien Faure par exemple).
Conformément aux principes de la collection « Littérature et textes » des éditions de La Louve, le lecteur pourra également apprécier les nombreuses illustrations, dessins de presse ou photographies, ainsi que les précieuses notices biographiques situées à la fin de l’ouvrage.   n
La Revue du projet, n°48, juin 2015
 

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Quand on jugeait les anarchistes. Chroniques judiciaires d’Albert Bataille (1856-1899)

le 25 août 2015

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