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Faire de la participation plus qu’un slogan, Bernard Baude*

La participation collective à la réalisation de l’écoquartier a été l'occasion de réfléchir ensemble à la ville que veulent les Méricourtois.

À l’issue des assises locales que nous avons menées de 2005 à 2011, nous nous sommes posé cette question : quelles pratiques peut-on mettre en place à l’échelle de Méricourt, ville de 12 000 habitants, de l’ex-bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, à la fois urbaine et rurale, afin que la participation s’enracine et devienne naturelle, comme allant de soi ? Avec les assises locales, il s’agissait avant tout de libérer la parole du plus grand nombre de nos concitoyens. Pour autant, c’était une déclinaison par le haut du processus participatif. Néanmoins, les rencontres citoyennes ont permis la mise en place d’ateliers de réflexion et de propositions. L’atelier de projets a fait naître le collectif « médiathèque ».

Un journal participatif
La réflexion des participants à ce collectif a abouti à la construction d’une médiathèque de haute qualité environnementale – elle-même située au cœur d’un écoquartier – que nous avons inaugurée en novembre 2011. C’est le premier bâtiment de l’écoquartier sis sur une ancienne friche minière, l’ancien carreau de la fosse 4/5 Sud. Ce carreau de fosse, autrefois poumon économique et social de la ville, s’est transformé en faille urbaine entre deux entités spécifiques, la ville et les cités minières. Dans sa réflexion, le collectif a imaginé résorber cette cassure. On lui doit la création de l’espace culturel public « la gare » dont fait partie la médiathèque. Les premiers logements de cet écoquartier sont en cours de réalisation. La participation se poursuit et s’élargit. Un journal participatif intitulé  Bouche@oreille entretient le partenariat entre les habitants, les élus et les techniciens. Depuis octobre 2012, sa publication alimente la réflexion sur l’écoquartier et veut susciter l’intérêt du plus grand nombre de Méricourtois quant au nouveau mode de vie qu’implique une telle réalisation. Cette dernière repose sur une ambition écologique d’harmonie entre l’homme et son environnement, bâtie sur de nouvelles formes d’habitat et de vie en commun.

Au-delà de l’écoquartier
Notre démarche va au-delà d’une simple concertation pour un aménagement urbain. Nous voulons faire de cet écoquartier la vitrine d’un mode d’habiter « idéal », où chaque résident est invité à construire avec les autres autour de valeurs communes d’ouverture, de partage, d’écologie. Avec les premiers logements, une crèche et un restaurant municipal vont bientôt voir le jour. De par sa position géographique, l’écoquartier est un point central. Cependant l’écoquartier comme les autres quartiers de la ville sont en position de vases communicants : chaque expérience menée ici se retrouve là-bas et réciproquement. Nous avons une vision systémique de notre ville, nous ne la considérons pas comme un assemblage d’unités diverses, de quartiers séparés. L’expérience de cet écoquartier nous a donné l’occasion de réfléchir ensemble à la ville que veulent les Méricourtois.
Le quartier du 3/15, où est édifié le mémorial de la catastrophe minière du 10 mars 1906, dite catastrophe de Courrières (1099 morts recensés), est également emblématique d’une participation très aboutie. En premier lieu, nous avons soumis à la population de ce quartier un projet d’aménagement urbain, qu’elle a finalement rejeté. Ensuite, au travers de réunions et d’ateliers qui ont rassemblé plus de 20 % des résidents, durant plusieurs mois, nous avons co-construit le nouvel aménagement. Le chantier commencé, le collectif d’habitants le suit. Au travers de la réflexion collective, si le regard des habitants a changé, le nôtre également.
La trame verte qui traverse l’écoquartier nous fournit l’idée de développer un maillage en mode doux à travers la ville. L’opération intitulée « Faisons un bout de chemin ensemble » a démarré en janvier 2013. Le collectif composé de volontaires et de personnes tirées au sort travaille à la (re)découverte de chemins piétonniers. Chaque année nous octroyons à ce collectif d’habitants, un budget de 50 000 euros pour l’aménagement de chemins. Une première voie douce est en cours de réalisation, sur laquelle se sont exprimés également les enfants des centres de loisirs.

La participation, si nous voulons qu’elle s’exprime pleinement et qu’elle dure, implique un partage du pouvoir. C’est tout le sens du budget participatif. Il ne s’agit pas de nier le rôle de l’élu, mais au contraire de le sublimer. Nous sommes au service de la population. Cela n’appelle pas au clientélisme mais aux responsabilités partagées et en corollaire à la formation du citoyen. Dépossédé de tout pouvoir, hormis le temps d’un bulletin de vote glissé dans l’urne, il est urgent que le citoyen devienne constructeur de son avenir. Peut-être contribuons-nous – très modestement – dans notre présent, à un futur formidable, celui de l’Humanité devenant maîtresse de son destin. 

*Bernard Baude est maire (PCF) de Méricourt (Pas-de-Calais).

La Revue du projet, N° 33, janvier 2014
 

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Faire de la participation plus qu’un slogan, Bernard Baude*

le 13 January 2014

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