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Le logement autrement, Maurice Ouzoulias*

60 ans de persévérance et d’acharnement dans la gestion d’une société HLM ont permis que les valeurs de justice, de solidarité ne restent pas lettre morte et que l’État joue son rôle de garant de la solidarité nationale.

L a crise du logement que nous vivons depuis plusieurs années malgré les différents gouvernements qui se sont succédé doit nous interpeller sur le rôle des communistes et ce que nous pouvons proposer d’innovant dans le domaine du logement et en particulier du logement social ou plutôt public. Le logement ne peut être une marchandise soumise aux règles de la concurrence dite libre et non faussée dont on mesure les conséquences désastreuses en Europe. Aux États-Unis par exemple, c’est l’application de ce principe au secteur du logement qui, avec la crise des subprimes, a mis 6 millions de gens sur le pavé. La réponse à des besoins humains et universels comme le logement, la santé, l’éducation passe obligatoirement par l’intervention de l’État qui doit être le garant de la solidarité nationale. Chacun peut comprendre, à moins d’être sourd et aveugle aux besoins humains et au développement harmonieux d’une société moderne et solidaire, que se loger est le point de départ dans une vie, de l’épanouissement des êtres humains. Quand il existe, dans un pays dit riche et moderne, 3,6 millions de personnes qui ne sont pas ou très mal logés, plus de 5 millions en situation de fragilité à court ou moyen terme dans leur logement, 1,2 million de ménages en attente d’un logement social, 3,8 millions de ménages en situation de précarité énergétique, nous ne pouvons que lancer un cri d’alarme, de colère, de révolte face aux inégalités qui s’accroissent d’année en année.

Gestion du quotidien et action pour le changement
Sur le court terme, que ce soit comme citoyen ou acteur/décideur, notamment au sein des conseils d’administration d’organismes HLM, les élus communistes sont les seuls à lier gestion du quotidien et action pour le changement. En mobilisant les demandeurs de logements, les mal logés, les sans droits, tous ceux qui peinent à boucler leur fin de mois, pour vivre dignement, nous contribuons à faire évoluer les consciences, à réfléchir sur la société que nous voulons, à prendre en main son destin. En accompagnant les organisations de locataires, les associations de défense des consommateurs, en les faisant participer à tous les niveaux de décisions, en prenant en compte leurs revendications, les élus communistes jouent pleinement leur rôle, ce qui est loin d’être le cas des autres formations politiques. En étant à l’écoute des locataires dans les quartiers populaires, en accompagnant les familles en difficulté, en privilégiant le dialogue pour maintenir les familles dans leur logement, nous préférons les solutions humaines au diktat de l’argent roi. En agissant sur le local et le national par des propositions de loi de nos parlementaires pour un véritable service public du logement, nous démontrons notre cohérence sans démagogie et sans crainte de bousculer les idées reçues.

Dans la gestion des organismes HLM nous pouvons apparaître parfois en contradiction avec nos idéaux, notamment lorsqu’il s’agit d’augmenter les loyers qui sont déjà trop élevés.
Comme dans les collectivités locales, nous gérons notamment du patrimoine locatif social dans un cadre législatif et réglementaire que nous combattons et c’est bien ce qui fait toute la différence. Mais en agissant parallèlement pour obtenir des aides de l’État, de meilleures conditions d’emprunts, une plus grande solvabilisation des aides personnelles au logement, nous faisons la démonstration qu’une autre voie est possible à condition de prendre l’argent là où il est, et particulièrement en inversant les priorités à savoir que le logement public soit plus aidé que le logement privé, que l’on mette fin aux aides aux investisseurs privés. Dans la société d’HLM dont j’assure la présidence et qui gère 9 400 logements en région parisienne et dont nous fêtons cette année les 60 années d’existence nous sommes fiers de nos réalisations, des choix politiques que nous avons toujours défendus. Pendant 60 ans, nous avons été au service du logement social de qualité et abordable. 60 ans de lutte pour que le droit au logement soit respecté. 60 ans de persévérance, je dirais même d’acharnement pour que les valeurs de justice, de solidarité ne restent pas lettre morte et que l’État joue son rôle de garant de la solidarité nationale. Ce qui n’est malheureusement pas le cas pour d’autres organismes qui se sont couchés devant la loi du marché en mettant en avant la rentabilité financière au détriment du bien social.
En 1977, nous avons manifesté contre la réforme de M. Barre dont l’objectif était de supprimer progressivement l’aide à la pierre au profit de l’aide à la personne pour favoriser l’augmentation des loyers. Plus près de nous, en 2003, nous avons exprimé notre désaccord sur la réforme de M. Borloo qui modifiait le gouvernement des sociétés HLM pour donner la possibilité au 1 % logement dirigé par le MEDEF, de prendre le pouvoir au sein des SAHLM. Enfin, très récemment, en 2009, nous avons manifesté contre la loi Boutin qui avait comme objectif de faire du logement social uniquement le logement des plus pauvres, en chassant les familles qui contribuaient à l’équilibre social des quartiers HLM, mettant ainsi en cause la mixité dans le parc HLM avec toutes les dérives que cela peut entraîner. Aujourd’hui, la lutte n’est pas terminée. Les aides au logement restent insuffisantes. Les demandeurs de logement social n’ont jamais été aussi nombreux. La crise du logement nécessite des mesures à la hauteur des enjeux. Si nous nous félicitons d’avoir obtenu pour 2014, la TVA à 5 %, nous regrettons la poursuite des aides au logement spéculatif comme le « DUFLOT » qui va coûter plus d’1,5 milliard à l’État sans véritable contrepartie sociale. Dans la continuité de notre engagement pour l’humain d’abord, nous avons défini dans notre projet d’entreprise 2013-2018, quatre axes stratégiques fondés sur la défense du logement social, la production d’un habitat de qualité et diversifié, le développement de la qualité du service rendu aux habitats, la valorisation des ressources humaines.
Nous avons la conviction que les organismes HLM peuvent, quel que soit leur statut, public ou privé, contribuer à la mission sociale que les pouvoirs publics peuvent et doivent leur confier à condition que ces missions soient définies dans l’intérêt des familles, de la Nation. n

*Maurice Ouzoulias est conseiller général (PCF) du Val de Marne et président de la société HLM IDF Habitat.

La Revue du projet, n°29, septembre 2013
 

 

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Le logement autrement, Maurice Ouzoulias*

le 06 September 2013

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