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Ce n’est pas la crise pour tout le monde, Michaël Orand

statistiques

On s’en doutait, évidemment, mais l’exploitation de l’enquête de l’Insee sur les revenus fiscaux et sociaux en 2010 le prouve une bonne fois pour toutes : les effets de la crise financière commencent à se sentir concrètement sur le niveau de vie des Français, notamment par un accroissement des inégalités. En bref, et au risque de flirter avec les clichés, les riches sont de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres.

En 2010, donc, le niveau de vie médian des Français a baissé. Il était de 19 270 euros, contre 19 360 euros en 2009. La baisse reste certes modeste en niveau (moins de 1 %), mais le fait important est que c’est la première fois depuis 2004 qu’on constate une telle baisse. Dans le détail, cette baisse a lieu pour quasiment l’ensemble des Français, à une exception, notable, près : les 5 % les plus riches : leur niveau de vie a augmenté de 1,3 % entre 2009 et 2010. En fait, ce n’est que la continuité d’un phénomène que l’on observe depuis 2004 : les inégalités ne cessent de s’accroître en France (graphique 1). L’année 2008, celle du début de la crise, marque cependant une rupture : alors que jusque-là le niveau de vie des plus riches et des moins riches évoluait de manière à peu près parallèle, l’écart commence à se creuser de manière importante, en particulier à cause d’une baisse marquée du niveau de vie des 5 % de Français les moins riches.

 

Naturellement, le résultat de ces évolutions est que les indicateurs d’inégalité augmentent sensiblement entre 2009 et 2010. Le plus parlant reste sans doute la répartition de la masse financière selon le niveau de vie : les 10 % de Français les plus riches possèdent ainsi 24,9 % de la masse totale des niveaux de vie en 2010, contre 24,0 % en 2009. En clair : 1 % de l’argent possédé par les Français a été transféré aux 10 % les plus riches entre 2009 et 2010. Dans le même temps, les 10 % les moins riches, qui possédaient 3,6 % de cette masse totale en 2009 ont plutôt perdu, puisqu’ils n’en possèdent plus que 3,5 % en 2010.

Le système social français, pourtant, permet de compenser assez efficacement les inégalités. Avant transferts sociaux, le revenu des 10 % de Français les moins riches baisse de plus de 4 % entre 2009 et 2010, au lieu de 1 % de baisse après redistribution. Symétriquement, si le niveau de vie des 5 % les plus riches n’augmente « que » de 1 % environ entre 2009 et 2010, c’est parce que les transferts sociaux viennent équilibrer la donne : sans eux, le revenu des plus riches augmente de près de 2 % entre 2009 et 2010.

Malgré cet effet égalisateur, le système social français ne protège malheureusement pas aussi bien qu’on pourrait le souhaiter l’ensemble des Français, et notamment les plus précaires (graphique 2). Alors que les actifs en emploi maintiennent leur niveau de vie médian entre 2009 et 2010, celui des retraités diminue de 1,4 %. Depuis 2004, pourtant, le niveau de vie de ces deux catégories évoluait sensiblement de la même façon. Pour les chômeurs, le constat est encore plus inquiétant : leur niveau de vie médian a baissé de 3,7 % entre 2009 et 2010, ramenant celui-ci à un niveau proche de celui de 2007.

 

La Revue du projet, n° 28, juin 2013
 

Il y a actuellement 1 réactions

  • Très intéressant il me

    Très intéressant il me semble qu'il serait nécessaire de ramener les chiffres annuels à ce qui serait tout de suite plus facilement appréhendable un revenu mensuel qui permettrait de se situer beaucoup plus facilement . Car c'est par le plus grand nombre qu'on veut triompher dit le démocrate et il serait paradoxal que nous reproduisions les experts "libéraux " le débat pour être valable et valide doit reposer sur la compréhension et non sur un éventuel charisme de l'orateur même s'il cela ne fait pas de mal

    Par laurent michel, le 16 juin 2013 à 08:52.

 

Ce n’est pas la crise pour tout le monde, Michaël Orand

le 15 juin 2013

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