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Allier : expériences, incertitudes, actions et objectifs, Georges Thin*

Dans une politique agricole fortement encadrée et orientée par les lois du système capitaliste mondialisé, les communistes de l’Allier à la tête du conseil général posent la question du devenir d’un potentiel capable de contribuer aux enjeux alimentaires contemporains en créant de l’activité et de l’emploi en développant les territoires. Un travail qui a du sens, mais se confronte à la logique capitaliste.

D e l’encouragement aux initiatives locales à la remise en cause de la domination financière, nous posons l’objectif de reconquérir de l’autonomie pour les exploitations, de retravailler les rapports de proximité entre les producteurs et les consommateurs dans un contexte économique difficile dominé par le libéralisme économique et avec des acteurs souvent dispersés et aux intérêts parfois contradictoires. Expérience en cours qui prend le contre-pied de la tyrannie de l’austérité dans l’enjeu universel d’une agriculture paysanne en recherche d’émancipation et de développement.

L’agriculture de l’Allier : atouts, mutations et potentiels

Pour un département comme l’Allier, la production agricole et les activités agroalimentaires recouvrent d’importants enjeux. Enjeu économique, en termes de richesses créées, d’emplois directs et induits, enjeu social, enjeu de développement des territoires que l’on dit du  rural profond  pour lesquels l’agriculture demeure le  gros moteur  de développement.
Avec ses réalités fortes, des atouts diversifiés, des savoir-faire séculaires, un ancrage historique d’une paysannerie progressiste, le département dispose d’un vrai potentiel fortement mis à mal par les évolutions de ces dernières décennies. L’Allier ne compte plus que 5 781 exploitations en 2012. Pour 300 départs par an ne correspondent plus que l’installation de moins de 50 jeunes, tous projets confondus, une trentaine seulement en structures « traditionnelles ». Dans ces conditions, la superficie moyenne des exploitations augmente de façon « exponentielle » chaque année. Aujour­d’hui, notre agriculture manque de bras pour mettre pleinement en œuvre son potentiel.
Mettre au service des besoins de la société, cet atout économique, social, écologique est un réel défi dans une situation où les plus forts potentiels de développement agricole se situent dans des zones où la dépression démographique se poursuit. Cet aspect en soi est un frein au déploiement… Qui sera intéressé par une installation dans un désert démographique ?

Le conseil général : un outil d’appui

L’attention des communistes et de leurs élus pour l’agriculture n’est pas une démarche nouvelle. Dès 1979, avant la première loi de décentralisation de 1982, les élus communistes du conseil général de l’Allier exerçant la responsabilité de la présidence ont impulsé, en liaison avec des organisations agricoles et professionnelles très représentatives et au sein desquelles les communistes étaient influents, des actions en faveur de l’agriculture : installation des jeunes, qualité, protection sanitaire des cheptels, aide aux coopératives, CUMA (coopérative d’utilisation du matériel), aide au drainage… comme en faveur de la voirie rurale et communale.
Ces actions ont été durables même si la droite qui a repris le conseil général en 1982 en a modifié, parfois inversé les critères.
La reprise du conseil général par la gauche sous présidence communiste de 1998 à 2001 a amené de nouvelles adaptations, par exemple, une implication forte dans la crise de l’ESB (encé­phalopathie spongiforme bovine) avec l’appui du laboratoire départemental d’analyses (privatisé depuis !).
En 2008, le PCF se voit à nouveau confier la responsabilité de la présidence du conseil général ; au sein de l’exécutif il pilote les actions en faveur de l’agriculture et de la forêt dans un contexte d’approfondissement de la crise générale. Le paysage syndical et professionnel a profondément changé, modifiant les conditions de travail commun.

Agir et donner du sens

Dans le budget 2013, le conseil général consacre 3,17 millions d’euros en faveur de l’agriculture et de la forêt. Les actions en direction des exploitations, des organismes professionnels, associatifs, syndicaux ou coopératifs sont guidées par l’objectif de reconquête d’autonomie et de valeur ajoutée sur les exploitations et le département. Il ne s’agit bien sûr que d’une entrée dans un interstice étroit laissé par la Politique agricole commune qui détermine sur le fond la vie et l’avenir des exploitations.
Le conseil général intervient en appui aux installations, aux coopératives et CUMA, pour la modernisation et la mise aux normes des exploitations, les investissements dans les bâtiments d’élevage, la qualité des productions, la promotion des productions locales… Nous avons mis en place une aide directe aux éleveurs pour reconquérir une production de bovins finis… Nous avons travaillé pour permettre l’approvisionnement des restaurants des collèges, EPHAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), etc. en produits locaux en intégrant par exemple le bilan carbone dans les critères des appels d’offres… Nous agissons sur d’autres terrains importants : orientation des structures, banques, enseignement agricole (chantier de sauvetage du lycée agricole de Lapalisse en cours)… Ces actions aux effets réels, bien que limités sur les réalités économiques dominées par l’organisation libérale et mondialisée des marchés agricoles, ont une résonance sur le plan du sens, d’autant plus qu’elles sont mises en œuvre dans la concertation.
Un travail d’évaluation et de croisement des approches est indispensable à l’échelon départemental et bien au-delà. Car ce sens donné ne peut être totalement fécond que si nous parvenons à ouvrir plus grand les interstices et surtout à mettre en cause les logiques capitalistes et leurs déclinaisons locales et régionales. Il nous faut, à ce propos, investir le chantier de nouvelle réforme de la PAC. 

*Georges Thin est responsable départemental du PCF, collaborateur du groupe communiste du conseil général de l’Allier.

La Revue du projet, n° 25, mars 2013
 

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Allier : expériences, incertitudes, actions et objectifs, Georges Thin*

le 04 mars 2013

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