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# Indignés ! D’Athènes à Wall Street, échos d’une insurrection des consciences

Zones/ La Découverte, 2012
&
Occupy Wall Street ! Textes, essais et témoignages des indignés
Les Arènes, 2012.
Par Patrick Coulon
Mais que pensent et qu’ont vraiment à dire celles et ceux, un peu partout dans le monde, que l’on a appelés les « indignés », le « mouvement des places » ou les « 99% » ? Deux ouvrages récemment publiés tentent de répondre à cette question.
« Occuper Wall Street, ça a été comme d’envoyer sa lettre de démission du rêve américain » affirme un des acteurs de l’incroyable histoire que raconte Occupy Wall Street ! livre radical et émouvant. De mi-septembre à mi-novembre 2011, de nombreuses revues accompagnèrent la dynamique des contestataires installés au Zuccotti Park, au sud de Manhattan. Les occupants publièrent eux-mêmes des textes et documents réunis dans un livre préfacé par la journaliste de Mediapart, Jade Lindgaard. Près de quarante textes, traduits par Laure Motet et Judith Strauser, dessinent les contours de cette gauche américaine qui entend s’émanciper de la toute puissance du système économique. Bref Occupy Wall Street ! rassemble – et ce n'est pas désagréable – des récits sous tension des occupants, des essais et des reportages, des illustrations et des photographies.
# Indignés ! D’Athènes à Wall street, échos d’une insurrection des consciences se veut plus exhaustif. Il explore des expériences variées, de la place de la Puerta del Sol à Madrid jusqu'à la place Syntagma à Athènes sans oublier un crochet par New York (ni l’éphémère et  groupusculaire mouvement français). Il rassemble des analyses de fond. À côté de contributions d’intellectuels critiques y sont publiés des textes anonymes et collectifs, des récits, des dialogues, des règles de fonctionnement, etc.
Certains – dont je suis – souriront à la lecture des règles de fonctionnement, au temps perdu à les faire appliquer et s’interrogeront de bonne foi sur la pratique dite du fonctionnement au consensus. Un processus décisionnel inventé par les Quakers il y a trois siècles et dont une des études incluse dans cet ouvrage stipule que, s’il a des vertus considérables, il favorise ceux qui ont beaucoup de temps à consacrer aux réunions.
Quoi qu’il en soit, toutes les forces politiques – et singulièrement celles qui souhaitent que le peuple s’approprie le pouvoir – doivent s’interroger sur ce mouvement planétaire (la lecture des différents Manifestes est symptomatique de l’élargissement de la crise du capitalisme et des formes de la lutte des classes) et, au-delà de ses formes, sur ce qu’il révèle. La lecture de ces ouvrages y contribue.


« Face à la crise et voyant bien la manière dont elle est gérée par le système politique actuel, les jeunes qui peuplent les différents campements ont, avec une maturité inattendue, commencé à poser une question complexe : si la démocratie – c'est-à-dire la démocratie que nous avons reçue – titube sous les bourrasques de la crise économique et qu’elle est impuissante à défendre les volontés et les intérêts de la multitude, peut-être est-ce le moment de considérer que cette forme de démocratie est obsolète ». Cette interpellation de Michael Hardt et Toni Negri est de ce point de vue utile au débat.
Comme l’est cette interrogation : la question la plus pressante à laquelle les militants d’Occupy font face tient dans leur capacité à construire une unité qui respecte et célèbre les différences immenses qui traversent les 99 %. Comment apprendre à s’unir ? C'est là quelque chose que peuvent nous apprendre celles et ceux qui vivent sur les sites du mouvement Occupy. Comment concevoir une unité qui ne soit pas simpliste et oppressante, mais complexe et émancipatrice, en reconnaissant, que « nous sommes celles et ceux que nous attendions » ?
Je le mentionnais plus haut : quelques intellectuels contribuent à la richesse de ces pages. On citera Angela Davis, Edith Butler, David Harvey ou encore Naomi Klein.
Terminons en citant l’avertissement de Slavoj Žižek : «  Ne tombez pas amoureux de vous-mêmes, avec tous ces bons moments qu’on est en train de passer ici. Les carnavals viennent souvent à peu de frais, et le vrai test de leur valeur est ce qu’il en reste le lendemain, la manière dont la vie normale en sera changée. Tombez amoureux d’un dur et patient travail – nous sommes le début, pas la fin. Notre message est simple : le tabou est brisé – nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes – et il nous est permis, nous y sommes même obligés, de penser à des alternatives ».

La Revue du projet, n° 19, septembre 2012
 

Il y a actuellement 1 réactions

  • zeitgeist

    c'est officiel, peter joseph (fondateur du mouvement zeitgeist) soutient OWS nous passons du modèle hiérarchique au modèle relationnel tous les mouvements sans chefs se soutiennent entre eux

    Par tontonremi, le 10 septembre 2012 à 14:30.

 

# Indignés ! D’Athènes à Wall Street, échos d’une insurrection des consciences

le 08 septembre 2012

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