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Bernard Vasseur, La Démocratie anesthésiée* éditions de l’atelier , 2011

Par Ivan LavalléeLivre utile, voire indispensable, aux militants de l’émancipation humaine, cet ouvrage marque le grand retour de l’analyse marxiste des situations concrètes, loin du care de la social démocratie ou de l’instrumentalisation des « droits de l’homme ».La première partie, Le travail refoulé sous l’emploi, montre comment la perversion du sens des mots est une caractéristique des propagandistes du capital. Parler d’emploi, c’est se placer du point de vue de l’entreprise et donc du capital ; parler de travail, c’est adopter celui du travailleur, et plus, celui de l’hominisation. L’histoire de l’humanité c’est l’histoire de ses forces productives; on n’est pas bien loin de Marx et de L’Idéologie allemande.Dans la deuxième partie, L’impérialisme de l’économie, l’auteur fait litière de « l’expertise économique » qui n’est qu’une propagande technocratique enfermant la pensée politique dans des choix purement techniques, rappelant opportunément que le sous-titre de l’ouvrage Le Capital est « critique de l’économie politique ».Partant du travail, l’auteur montre dans la troisième partie (Le temps des loisirs contraints) la cohérence du système capitaliste, de l’occupation du temps de cerveau disponible à la grande distribution. La pseudo « civilisation des loisirs » n’est que la fabrication de consommateurs destinés à écouler les marchandises qu’ils ont eux-mêmes créées en les prostituant et leur faisant « aimer leur servitude ».On retrouve là le propos de E. Bernays dans Propaganda, mais Vasseur va beaucoup plus loin et montre dans la quatrième partie, La comédie démocratique, que ce fonctionnement est inhérent au système de production et d’échange. Il rappelle des écrits de Tocqueville sur la dictature démocratique, décrit le rôle de la télévision comme appareil d’assentiment et d’illusion démocratique, et dénonce fortement l’électoralisme : « vote mais ne te bats plus ».La conclusion évoque la perspective des révoltes qui se lèvent ici et là, et qui ouvrent la voie à la Révolution, celle de l’émancipation humaine. Avec B. Vasseur, il y a des révolutionnaires pour participer à cette aventure.On s’étonnera toutefois que (p. 34) Auschwitz soit considéré comme camp de travail (arbeit macht frei) alors que c’était d’abord et avant tout un camp d’extermination, plus qu’une nuance.* L’introduction de cet ouvrage a été publiée dans La Revue du Projet, n° 12, oct.-nov. 2011.

La Revue du Projet, n°12, décembre 2011

 

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Bernard Vasseur, La Démocratie anesthésiée* éditions de l’atelier , 2011

le 12 décembre 2011

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