La revue du projet

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La Revue des Livres, n°1, septembre-octobre 2011.

Par Marine Roussillon   Après la Revue internationale des livres et des idées, disparue en 2010, la Revue des livres tente le pari de faire vivre en France une revue consacrée aux comptes-rendus d’ouvrages et à l’état des lieux de la pensée critique, sur le modèle de la New York Review of books. Elle est assortie d’un riche site internet (http://www.revuedeslivres.fr/), d’une série de rencontres et d’un séminaire de lecture : le dialogue et la collaboration avec les lecteurs sont au cœur du projet. Ce premier numéro propose des recensions d’ouvrages exigeantes, couvrant des domaines très variés, et cherchant à articuler théorie critique et action politique. Un entretien croisé avec Éric Hazan et Bernard Marchand sur « la haine des villes » examine ainsi la construction historique et idéologique d’une représentation de Paris comme ville dominatrice, et la confronte à la réalité économique : l’Île-de-France produit l’essentiel des richesses du pays et c’est là que se concentrent les classes populaires. L’urbanophobie française apparaît alors comme un moyen de « légitimer l’État sur le dos des classes populaires ». Les révolutions arables, l’économie du développement ou l’œuvre d’Herbert Marcuse font l’objet de recensions tout aussi fouillées et tout aussi utiles à qui veut penser le réel pour le transformer. Les dernières pages de la revue sont d’ailleurs consacrées à l’analyse d’« expérimentations politiques ». Au fil des articles, les différents courants de la pensée critique entrent en dialogue : marxisme ou post-marxisme, critique post-coloniale, études de genre et queer theory. L’un des grands mérites de la revue est son ouverture sur le monde. Elle permet ainsi aux lecteurs français d’avoir un aperçu des nombreux ouvrages en langue anglaise qui nous restent trop souvent inaccessibles. Ce numéro propose un portrait de Wang Hui, figure de la nouvelle gauche chinoise : il y a là de quoi nourrir un nouvel internationalisme, qui ne serait centré ni sur un continent ni sur un « modèle », mais fondé sur l’échange et le débat. Enfin, il faut souligner l’effort de clarté réalisé par les rédacteurs. Sans rien sacrifier de la complexité des sujets abordés, ils prennent le temps de les rendre accessible à un lecteur novice. Des rubriques à vocation pédagogiques font le point sur un champ de recherche (ce mois-ci, les science studies), un vocabulaire critique (agency et empowerment), un débat (la querelle du « néo-extractivisme » en Amérique latine). La présentation sobre et la riche iconographie contribuent au plaisir de la lecture.    

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La Revue des Livres,  n°1, septembre-octobre 2011.

le 20 November 2011

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