par Stéphanie LoncleCe livre, dont la lecture est ardue, se propose d’analyser la façon dont la société capitaliste a engendré, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (même si le propos remonte parfois à la fin du XIXe siècle) « l’art contemporain », entendu comme une pratique sociale spécifique, historiquement datée. C’est donc à la fois une esthétique, des institutions, une idéologie et un marché qui sont décortiqués et mis en relation par l’auteur, dans une perspective historique. Le raisonnement, parfois difficile à suivre, emprunte à l’hégélianisme et au(x) marxisme(s), en particulier celui de Clouscard. La critique des différentes théories de l’art (sociologie bourdieusienne, théorie des institutions, sémiologie…) est radicale, vive et stimulante. Si l’ouvrage s’adresse d’abord à des spécialistes, la bibliographie invite à se familiariser avec les questions traitées, d’autant que celles-ci ne manquent pas d’être politiques. Ce livre proclame haut et fort que le temps où l’art passait pour un espace immanent de liberté doit finir : les artistes ne sont pas plus libres en ce monde que les travailleurs et les exploiteurs. À eux donc de penser et d’agir pour s’émanciper de l’aliénante illusion qu’ils sont des créateurs libres : ce livre, qui se veut un outil à cette (honorable) fin politique, lance ou relance le combat.
Il y a actuellement 0 réactions
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.